L’OPIUM CHINE ET OCCIDENT – PROBLEMES!
LA CHINE ET LE PROBLÈME DE L’OPIUM
Nous avons vu au cours de ce travail. les efforts déployés
par le gouvernement chinois dans sa lutte contre la drogue néfaste, spécialement depuis la guerre de l’opium. Conscient du danger que comporte l’usage de ce poison, le gouvernement a mis tout en oeuvre pour en débarrasser le pays. Certaines de ses initiatives ont été couronnées de succès, tandis que d’autres ont échoué, en raison de la situation spéciale où se trouvait la Chine. Au cours de ces dernières années, le gouvernement national a inauguré une campagne nouvelle contre le poison. Mais après tant d’échecs, pouvons-nous espérer un résultat favorable ?
La tâche est ardue : outre qu’il rencontre d’innombrables obstacles, notre pays, se heurte encore à la surproduction des drogues, aux traités inégaux et aux monopoles que se sont arrogés les pays étrangers, soit sur leur territoire, soit dans leurs possessions. Les États dont la police est, depuis longtemps, si bien organisée et qui possèdent toutes les facilités pour dépister le trafic illicite, se plaignent tous les jours des difficultés de cette tâche.
« Comment le peuple chinois tout entier ne ressentirait-il pas l’injustice de se voir livré, pieds et poings liés, aux entreprises criminelles d’empoisonneurs souvent protégés par la juridiction consulaire, les concessions, les zones des Chemins de fer, le régime des territoires à bail, parfois même par des expéditions militaires — dites de police — comme la dernière expédition du Japon au Chantoung organisée, suivant l’opinion publique chinoise, en violation de la lettre et de l’esprit du Pacte ?(Wang King Ky, La Chine et le problème des stupéfiants devant la S.D.N., p. 6).
D’autre part, les accords internationaux concernant l’opium à fumer sont violés quotidiennement par certains gouvernements, qui empoisonnent des milliers de Chinois afin d’augmenter leurs ressources fiscales. Ces nations ne sont autres que celles que l’article 22 du Pacte de la Société des Nations qualifie de « Nations développées, à qui est confiée la tutelle des peuples non encore capables de se diriger eux- mêmes ».
Si le développementet le bien-être des peuples constituent « une mission sacrée de civilisation », cette mission n’a cependant point empêché ces nations de vendre de l’opium, de tenir des fumeries et d’ « ané¬mier des races qui, elles aussi, ont droit à la vie et à la santé » (Wang King Ky, idem, p. 11)
De plus, la surproduction des drogues inonde le inonde, et la Chine souffre particulièrement de cet état de choses. L’activité déployée par la Société des Nations y a-t-elle apporté jusqu’à présent des améliorations sensibles ?
Les conventions internationales ont été si souvent méconnues, qu’on ne peut prédire si la convention actuelle destinée à limiter la fabrication et à réglementer la distribution des stupéfiants, recevra, ou non, une application honnête et si elle pourra devenir un instrument efficace de protection des générations futures.
Certes, le problème de l’opium, personne ne l’ignore, est d’une complexité extrême. Depuis de nombreuses années cette question a été discutée et examinée, tant aux conférences internationales qu’à la Commission de l’opium de Genève, sans aboutir à un résultat positif. C’est que le noeud de la question réside dans l’intérêt politique, joint à l’intérêt économique.
Il n’est cependant que trop vrai que l’humanité est menacée par l’opium : tous les États, toutes les communautés et toits les individus, qui contribueront à délivrer les hommes de ce poison, acquerront la gratitude de l’humanité toute entière. Puissions-nous voir dans un avenir très prochain la lutte contre le fléau de l’opium aboutir à autre chose qu’à des dis¬cussions académiques stériles ! Le genre humain a déjà payé un tribut bien lourd à ce Minotaure : il est temps que ceux qui assument la direction des destinées du monde songent sérieusement à l’en délivrer.
Wang Adine docteur en Science Politiques de Bruxelles – Conclusions de la Thèse de doctorat intitulée “La Chine et le problème de l’opium” parue en 1933 à Paris, éditeur A. Pedone – librairie de la Cour d’appel et de l’ordre des avocats.
dmc