Quand immaturité morale et manque de formation mènent aux abus sexuels et incitent l’Église à se soumettre à l’esprit du monde, l’heure est à l’urgente redécouverte de la chasteté… à laquelle nous sommes tous appelés.
Par Thibaud Collin
Publié dans l’Homme Nouveau du 13 avril 2019
L’Église se trouve aujourd’hui dans une situation paradoxale. Alors même qu’elle cherche les moyens de sortir de la crise médiatique portant sur la manière dont les évêques ont géré les abus sexuels commis par des prêtres, elle subit plus que jamais des tentatives de déstabilisation de sa doctrine anthropologique et morale en matière de sexualité.
Notons que les effets pratiques auxquels mène inéluctablement une telle remise en cause doctrinale et disciplinaire se sont déjà manifestés dans les années 1970 et 1980, période de grand laxisme dans la formation et la direction des prêtres: et ces effets ont justement été ces mêmes abus ! Méfions-nous d’ailleurs de l’illusion d’optique, source de panique morale, consistant à croire que les abus ne cessent d’augmenter. De nombreuses études, notamment celle publiée en 2004 par le John Jay College of Criminal Justice, de la City University of New York, montrent qu’aux États-Unis le pic d’abus a eu lieu au début des années 1980 alors que celui des plaintes se trouve au début des années 2000.
Ces tentatives de déstabilisation se donnent à voir dans les manipulations autour des deux synodes sur la famille (2014 et 2015) tendant à rendre légitime, à certaines conditions, la vie more uxorio de fidèles divorcés et remariés civilement ; mais aussi dans le déploiement d’un agenda pour remettre en cause la discipline du célibat sacerdotal (via le prochain synode sur l’Amazonie) ; enfin dans l’activisme du lobby homosexuel clérical et épiscopal tendant, sous couvert d’ «accueil» et de «miséricorde», à présenter ces pratiques infâmes comme inscrites dans le dessein divin.
Derrière ce paradoxe apparent, on peut en réalité discerner que tous ces phénomènes découlent d’un même principe: une forme de soumission à l’esprit du monde. Comme si de plus en plus, l’Église (non dans sa personnalité divine mais dans son «personnel») était privée de ses critères de jugements propres et embrassait des catégories étrangères, l’amenant dès lors à poser sur le phénomène des abus sexuels un diagnostic partiel ne pouvant engendrer qu’une réforme inadéquate.
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