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Projet d’aller rencontrer les autorités tibétaines à Lhassa

… se rendre à Lhassa pour exposer ses raisons aux plus hautes autorités tibétaines, celles qui seules auraient pu le réintégrer dans son office de pasteur de Yerkalo. (page 70)

En effet, il savait fort bien que Gun-Akhio et les lamas de la région ne pourraient pas se soustraire à l’obéissance aux ordres provenant de la capitale; cependant, il connaissait aussi les conséquences qui découleraient pour sa propre personne d’une rétorsion plus que probable. (page 70)

Ayant exposé ce plan à ses Supérieurs directs, on peut dire qu’il reçut un timide appui de la part des uns et une perplexité manifeste, avec une claire invitation à laisser choir un plan si risqué pour sa vie, de la part des autres, mais sans un ordre explicite de na pas partir … (page 70)

Vers Noël 1947, Mgr Derouineau envoya une circulaire au R.P. Goré pour annoncer que Mgr Riberi devait venir à Kunming pour l’installer comme archevêque. Il invitait quelqu’un de la mission à venir expliquer l’état de la mission. (page 70)

Mgr Derouineau envoya le Père Tornay comme délégué du Yunnan à un congrès d’action catholique à Shangai et Nanking. A Nankig, il rencontra Mgr Riberi, M. Torrenté, ministre de Suisse en Chine, l’ambassadeur de France, et aussi une mission thibétaine. (page 71)

En chemin, entre Tali et Weisi, il rencontra M. Lattion, qui était en route pour l’Europe, et c’est là que M. Tornay lui demanda la permission de se rendre à Lhassa. Mgr Riberi l’avait positivement encouragé à se rendre à Lhassa, tout en le remettant à ses supérieurs pour obtenir une permission, Il lui donna même 200 S USA pour les frais du voyage. M. Lattion ne crut pas devoir s’opposer. Il lui dit cependant qu’il lui permettait, à condition que le Père Goré ne s’y opposât pas formellement. Le père Goré considérait ce voyage comme impossible et ne voulait même pas croire à une volonté réelle de la part du père Tornay quant à ce voyage. (page 71)

Le Père Goré, un peu piqué par le ton badin de la lettre, et du retard considérable, ne répondit pas par une lettre adressée directement au Père Tornay, mais dans le journal qu’il rédigeait à la fin du mois, il inséra la demande du Père Tornay , et ajouta que le Père Tornay était citoyen d’un pays libre, et membre d’un congrégation exempte, et que, par conséquent, il laissait à d’autres le soin d’éclairer sa lanterne. Comme cela ne constituait pas une interdiction, M. Tornay, fort de l’autorisation de Mgr Riberi et de celle conditionnelle de M. Lattion, se mit en route pour Lhassa. Personne d’entre nous n’envisageait qu’il serait tué, ni même le Père Tornay. (page 71-72)

Il me demanda la permission en me disant : « J’ai une chance sur dix mille d’aboutir, mais je crois que c’est mon devoir d’y aller quand même ». Je (Goré) lui refusais la permission. (page 72)

L’année passée à Hongkong, en 1952, Mgr Riberi a dit Père Lattion : « Somme toute, c’est moi la cause de sa mort ». (page 73)

« Il semble bien que le Père Tornay ait compris ce qui l’attendait : par exemple quand il a dit au douanier de Tchrayul qu’il refusait de partir, s’il n’était pas accompagné par lui-même ; deuxièmement quand il a rencontré les envoyés qui voulaient le ramener à Yerkalo, et qui jurent qu’ils ne veulent pas du mal au Père ; la troisième fois, quand Doci réussit à reprendre la mitraillette aux délégués ; après cela il semble que M. Tornay ait été quelque peu rassuré, puisqu’il n’a pas pris la fuite là où il l’aurait pu. Il était désireux du martyre : je (Lattion) le sais pour avoir vécu assez longtemps avec lui. Avant de partir pour Lhassa, la veille du départ, il avait dit à son domestique que ce voyage n’était pas une partie de plaisir, et qu’il n’était pas sûr d’en revenir.(page 73)

« M. Tornay était convaincu que c’était son devoir de se rendre à Lhassa, et, avec son tempérament et son enthousiasme, il serait arrivé à convaincre ses supérieurs. Il m’a dit lui-même : « N’y aurait-il qu’une chance sur dix mille, il faudrait quand même la tenter ». Il y avait eu un précédent pour l’encourager : lorsqu’un colonel thibétain avait voulu exproprier la mission. On a essayé par diverses fois d’atteindre le gouvernement thibétain, par lettres, ou par le représentant de l’Angleterre et celui de la Chine, mais jamais réponse n’était arrivée ». (page 74)

La réalité foncière est que : le Père Tornay ne reculait pas devant ces difficultés et ces dangers, quand il s’agissait de ses chrétiens. Dans l’intime de son cœur le Serviteur de Dieu, comme il l’écrivit au Père Goré et au chanoine Lovey, nourrissait les dispositions suivantes : Dieu soit béni, j’aurai bientôt une excellente occasion d’expier mes péchés. (page 74)

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