P. BEHR GUSTAVE MEP (1882-1908)
A l’époque où il eût pu commencer son ministère, le P. Behr (prêtre suisse-diocèse de Bâle), compagnon de voyage du P. Ouvrard (décédé le 25 juillet 1930 et enterré à Tsechung), disparaissait.
Parti dans la matinée du 26 mai (1908) pour faire une promenade aux environs de Batang, il renvoyait les trois enfants, ses élèves, qui l’accompagnaient, pour ramener son mulet à l’écurie. Il allait, disait-il, traverser la rivière pour se rendre au hameau de Sénélong et rentrer par le pont de Chiazangkha.
Contre son attente, le pont était im¬praticable. On le vit arriver jusque-là et rebrousser chemin. Il ne pouvait avoir qu’un but, c’était, en remontant la rivière, d’aller repasser un petit pont qui se trouve en amont, comme il l’avait fait pour venir. Ne le voyant pas rentrer à l’heure fixée, les gens de la maison se mettent à sa recherche, mais inutilement.
Le P. Tintet prévenu se rend d’urgence à Batang et, onze jours après la disparition de son confrère, on signalait la présence d’un cadavre sur la rive gauche du Fleuve Bleu, un peu au-dessous du confluent de la rivière de Batang. On n’eut pas de mal à l’identifier, il était revêtu d’une chemise et d’une douillette, le flanc droit était blanc comme neige tandis que le côté opposé, le cou et la tête étaient couverts de plaies sanguinolentes.
A sou retour de Tatsienlu, le provicaire pria le Dr Shelton, de la Mission Américaine, d’examiner le cadavre. Ce dernier ne put constater que quelques blessures mortelles au crâne, peut-être avaient-elles été causées par les heurts contre les rochers. Le Père a-t-il été victime d’un attentat ou seulement d’un accident? on ne le saura sans doute jamais.
De Taou, son point d’attache, le P. Charrier s’occupe spécialement de la station en formation de Louhot’en (à deux jours au nord de Taou), ‘où il s’est procuré un pied-à-terre.
Grâce à ses bonnes relations avec le commandant du camp, il obtient l’autorisation d’ouvrir la vaste plaine de Charatong à l’agriculture et se fait colon. Une tumeur au genou, suite d’un accident de cheval, vient bientôt clouer le colon sur les caisses qui lui servent de lit, Grâce au repos absolu que le patient s’imposa, sa jambe reprit assez de forces et il put achever la construction de sa résidence.
Quand, en 1910, le P. Hiong (premier prêtre thibétain) vint le relever à la tête de la colonie, une maison aux planches mal jointes et quelques abris de fortune formaient déjà un modeste hameau sur la plaine de Charatong. Ce n’était pas une Merveille, mais les Moines d’Occident n’ont pas du jour au lendemain transformé des marais en terrains de rapport.
Extrait tiré de « mission catholique du Thibet »
dmc jour de la fête des saints Pierre et Paul 2015