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TORNAY/LOVEY/BURDIN-1946

 « … Hélas ! la persécution dont les chrétiens et le missionnaire de Yerkalo, notre cher Monsieur Tornay, sont l’objet depuis une année est loin de s’apaiser ! Il y a un an aujourd’hui que je suis de retour de Yerkalo. Au début de décembre 44, j’y fis une visite au cher P. Burdin qui n’avait jamais eu le plaisir de recevoir de confrères à Yerkalo, durant les 5 ans qu’il y séjourna, et qui lui-même n’était pas redescendu dans nos régions depuis un an et demi. C’est vous dire l’isolement du curé de Yerkalo, le seul missionnaire résidant au Thibet proprement dit ! Vous savez le reste : ma maladie, les bons soins du P.Burdin, ma guérison quasi miraculeuse, le jour de Noël, grâce aux reliques de Ste Thérèse mises sous mon coussin. J’étais assez remis pour songer à me mettre en route pour Tsechung quand, à son tour, le P. Burdin, mon infirmier si dévoué, tomba malade et mourut le 16 février après 12 jours de souffrances très grandes. Vous devinez mon chagrin ! … »

« Par la force même des choses, je dus rester à Yerkalo, jusqu’à ce qu’un successeur fût donné à celui qui s’en allait, bien que tout jeune encore, 36 ans, jouir des récompenses éternelles pour lesquelles le Bon Dieu l’avait jugé mûr ! »

« Le sort tomba sur M. Tornay, un peu par ma faute, je l’avoue, car j’ai dit à M. Lattion et au P. Goré qu’il fallait quelqu’un de la poigne de M. Tornay pour dompter ces satanés lamas et que pour ma part, je préférerais retourner faire le vicaire à Tsechung que de devenir curé de Yerkalo. Ces Messieurs entrèrent dans mes vues, ce qui montre que je n’avais pas entièrement tort, conseillèrent à Mgr de porter son choix sur M. Tornay, ce qui fut fait. Là-dessus, le petit séminaire dont M. Tornay était le directeur, faute de prêtres, fut licencié et M. Tornay envoyé à Yerkalo où j’ai eu la joie de l’accueillir, le 5 juin de l’an dernier. Après l’avoir mis au courant de tout et avoir fait, en sa compagnie le voyage de Bathang, annexe qui se trouve à 4 ou 5 jours au N. E. de Yerkalo et qui en dépend, je le quittai, le cœur bien gros, pour rejoindre mon poste de Tsechung. Déjà nous savions que la position du missionnaire à Yerkalo deviendrait encore plus difficile que du temps de ces prédécesseurs, ce qui n’est pourtant pas peu dire. » (…)

(A. Lovey, c.r. – lettre à sa sœur Marie-Louise du 31 août 1946 – summarium pp 280-281)