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Christian Simonnet

(Warmeriville 26.09.1912 + 29.05.2002).

Ordonné prêtre le 19 décembre 1936, Christian Simonnet partit pour sa mission de Hanoï en 1939. Il fut vicaire à Ha-dong, de 1940 à 1942 ; curé de Ha-dong, de 1942 à 1945 et aumônier militaire à Hanoï, de 1945 à 1947. Le conflit vietnamien l’obligea à quitter sa paroisse en 1945, pour rejoindre la mission catholique vietnamienne. Il y voyagea jusqu’au 23 septembre 1946, puis à son retour à Hanoï, écrivit le récit de son voyage, publié en 1949 sous le titre “Thibet, Voyage au bout de la chrétienté”. En 1948, il prend congé en France. A son retour, il est nommé curé de la paroisse des Martyrs à Hanoï. Correspondant de l’Agence Fides, il donna une partie importante de son temps au service de l’information missionnaire, en envoyant fréquemment des articles aux publications de la Société et à des revues missionnaires. Il organisa notamment des conférences sur son voyage au Tibet. IL réalisa également un film documentaire sur la vie chrétienne au Tonkin.

Voyage au bout de la Chrétienté

Rentré en France, il mit au point les documents photographiques sur les réfugiés vietnamiens. Affecté au Vicariat apostolique de Kontum, en septembre 1956, Christian Simonnet passa d’abord à Formose où il tourna un film, “Le Miracle de Formose”, pour lequel il reçut la coupe de l’Exposition internationale d’art cinématographique de Venise. En 1960, ses supérieurs le chargèrent officiellement de recueillir des documents sonores, de réaliser des reportages photographiques et des films documentaires pour le service d’Information des Missions Etrangères. Grâce à lui, le service d’Information de la Société put s’enrichir d’un stock de photographies et de films documentaires qui connurent un grand succès. En 1964, ses documents étaient reproduits dans la presse et diffusés par les chaînes de télévision tant françaises qu’étrangères. En mars 1965, départ pour le Japon, en vue de réaliser un film sur ce pays, puis à Hongkong où il continua et compléta sa riche documentation.

En 1966, le voilà au pays du Matin Calme ; ainsi, en 1966, trois nouveaux films, sur Hongkong, la Corée et le Japon vinrent enrichir le “Service d’Information missionnaires de la Société”. Il publia plusieurs ouvrages parmi lesquels “Les Tigres auront plus pitié” en 1977, récit de l’exploration du pays bahnar en 1850, et de l’évangélisation de ses habitants ; en 1982, “Les enfants du fleuve Rouge”, en 1983, “Théophane, celui qui embellissait tout” ; en 1989, “Les Dix Saints Martyrs Français du Viêtnam”. A partir de 1975, M. Christian Simonnet fut chargé d’accueillir les groupes qui souffrant de l’asthme, il se retira à Montbeton où il décéda.

A son passif, il faut tout de même indiquer qu’il a fait republier le maître livre du spécialiste Goré Francis “Trente ans aux portes du Thibet interdit” sans les transcriptions thibétaines et chinoises, et cela, chez KIME! Je suis peut-être un peu dur!!

Le postulant constatait d’abord que jusqu’à présent sa vie avait été remplie par ses études et qu’il n’avait guère visé qu’à l’ambition d’être en toutes matières le premier de ses camarades de cours. Mais, maintenant qu’il était arrivé à l’âge où il faut choisir,

il percevait parfaitement la vanité de tout cela ; c’est pourquoi il se décidait pour les missions si on voulait bien l’y admettre. Ses raisons ? Il énumérait d’abord les plus hautes : grandeur de la vocation missionnaire ; désir de sauver les âmes… Enfin, il ajoutait à peu près ceci, que je cite de mémoire : « Il y a encore un autre motif que j’ai un peu honte de vous avouer ; mais je crois qu’il est de mon devoir de le faire si je veux me présenter en toute loyauté : il y a chez moi un goût de l’aventure et du risque qui, se combinant avec le désir de servir Dieu, me fait regarder vers les missions lointaines… »

Les Missions Etrangères de Paris, mieux servies encore, ont dans leur immense secteur d’Extrême-Orient la terre mystérieuse et inaccessible par excellence : le Thibet, dans lequel il est toujours interdit de pénétrer.

En 1846, ce fut la tentative célèbre des deux lazaristes Gabet et Huc ; ce dernier en a laissé un inoubliable récit. En cette même année, la Propagande confiait l’évangélisation du Thibet aux Missions Etrangères de Paris.

Tandis que Renou et les siens essayaient de passer la frontière sino-thibétaine, ses deux confrères Krick et Bourry tentaient la percée par les Indes. Ils étaient bientôt massacrés tous deux, ouvrant ainsi le martyrologe de ceux qui voulurent malgré tout la pénétration par l’Evangile de la Terre des Esprits.

Il arriva qu’à la suite d’une rectification de frontières la chrétienté de Yerkalo se trouva englobée dans el Thibet indépendant. A la faveur de rivalités de lamasseries, le missionnaire de Yerkalo, le P. Nussbaum, parvint à s’y maintenir longtemps ; mai, en 1940, il était mis à mort. C’était le onzième missionnaire des Missions Etrangères qui payait de sa vie la volonté d’ouvrir au Christ les portes du Thibet interdit.

GORE-CHAPPELET-SIMONNET-LOVEY-DUC à TSECHUNG

Un missionnaire de ces régions me racontera par la suite avoir entendu le dialogue suivant entre deux Chinois de Wei-Si : « Dis-donc, toi qui as tout vu (l’interpellé avait été une fois en Birmanie), pourrais-tu m’expliquer la différence qu’il y a entre le Père et le Pasteur ? – C’est bien simple, fut-il répondu ; le Pasteur a une femme, n’a pas de barbe, et ne fume pas ; le Père n’a pas de femme, a une barbe, et fume comme un incendie. »

« Qu’importe, me disait Mgr Derouineau, prenez ces vues en toute conscience, et ayez la foi. » En fait, sur soixante-quatre photographies prises, je n’en ai conservé que vingt-six, moi qui étais habitué à ne plus en manquer une seule !

Je lui demandai comment il avait pu s’orienter dans ce pays énorme, sans personne pour le guider – en marchant la nuit, par surcroît ; comment il avait pu rejoindre ceux qui l’avaient sauvé. Alors, à son tour, il me demanda ceci : « Votre religion vous permet-elle de croire aux apparitions ? (Forrest était protestant) – Oui, lui répondis-je, mais avec la plus grande circonspection. – Eh bien ! dit-il, ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les nuits, à la même heure, j’ai vu le P. Dubernard, debout à quelques pas de moi, qui, sans rien dire, me montrait une direction. Et c’est ainsi que j’ai été sauvé… »

Mais il y a encore un épilogue à l’affaire. Peu après ces tragiques événements, l’explorateur Jacques Bacot avait baptisé la passe de Latsa : col Dubernard, en souvenir du martyr. Or c’est précisément sur la passe de Latsa qu’après de minutieux examens de divers emplacements se fixa le choix des chanoines du Grand-Saint-Bernard pour la construction de leur hospice ; en sorte que le col Dubernard devient le col du Saint-Bernard du Thibet… Si e n’est qu’un hasard, c’est en tout cas un heureux hasard.

Et Bacot explique : « Les habitants de Long-Djre vont chaque année, après la fonte des neiges, visiter les gouffres de la Dokerla et dépouillent les morts de leurs bijoux d’argent. Ils sont chargés par Lhassa de la police de la frontière et doivent barrer la route aux étrangers. On leur laisse en échange leur sinistre droit d’épaves. Les gens de Long-Djre sont peu bienveillants et leurs maisons inhospitalière… »

Nous pouvons tenter la chance de reconnaître cet itinéraire plus court, car les bêtes marchent à vide et ne se fatigueront pas trop si la route est dure. A notre connaissance, en fait d’Européens, seuls l’explorateur autrichien Handel-Mazzetti et le chanoine Melly, premier supérieur du Saint-Bernard de Wei-Si, avaient jusqu’ici emprunté cette piste.

Extraits tirés de “THIBET – VOYAGE AU BOUT DE LA CHRETIENTE” du père Christian Simonnet des Missions Etrangères de Paris paru aux Editions « Monde Nouveau » Paris – 1949

dmc