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EUCHARISTIE DANS LA CHINE DE MAO

Le viatique porté par le petit ange

Un jour, les chrétiennes qui languissaient dans la cellule voisine de la mienne eurent un geste qui était digne de leurs soeurs des premiers siècles de l’Eglise. Dans la troisième cour de la prison était détenue une de leurs amies, Joséphine Ly, qui, en raison de sa foi et de son courage, avait été reléguée dans une cellule humide et sombre. Ces femmes pensèrent : il faut lui faire parvenir l’eucharistie.

Comment faire? Elles pensèrent une fois encore à la petite Siao Mei. Pendant quelques jours, elles lui firent soigneusement la leçon. Lorsque le moment arriva où la sentinelle avait l’habitude d’ouvrir la porte pour faire sortir Siao Mei de la cellule, les jeunes femmes chrétiennes prirent un fragment d’hostie consacrée, elles l’enveloppèrent dans un petit mouchoir propre et elles le mirent dans la petite poche du vêtement de la fillette, juste sur son coeur. La mère de l’enfant prit la petite fille dans ses bras, elle l’éleva à la hauteur de son visage et lui demanda : « Dis-moi, Siao Mei, si la sentinelle trouvait l’hostie sur toi, que ferais-tu, toi ? » La fillette répondit calmement : «Je la mangerais et je ne la donnerais pas au gardien. »

Ces paroles ont ému le coeur paternel du Saint-Père Pie XII, lorsque je lui ai raconté l’histoire de Siao Mei, à l’occasion de l’audience privée qu’il m’a accordée quand je suis revenu de Chine, et elles lui ont inspiré cette exclamation « Réponse dogmatique »

Chère Siao Mei, tu avais compris que si une main sacrilège avait tenté de profaner la sainte hostie, tu pouvais recevoir Jésus, bien que n’ayant pas la maturité nécessaire, mais que tu ne pouvais pas donner le fragment d’hostie à un gardien de prison communiste, ennemi de Dieu et païen.

Le cadenas grinça, la porte s’ouvrit. Siao Mei sortit de la cellule en souriant, elle s’arrêta dans la première cour où elle joua toute seule ; puis elle se rendit dans la seconde cour. Quand elle arriva dans la troisième cour, le gardien voulut la faire partir ; c’était un gardien au visage sévère et dédaigneux, qui avait déjà donné des preuves de sa fidélité au régime et de sa capacité à faire incarcérer un bon nombre d’innocents. « Je veux voir ma tante Joséphine Ly », dit Siao Mei. « Tu ne peux pas », répondit durement le gardien. « Pourquoi est-ce que je ne peux pas ? C’est ma tante. » Et elle commença à crier : « Tante Joséphine, tante Joséphine ! »

La sentinelle réprimanda sévèrement l’enfant et chercha à la chasser de la cour ; mais Siao Mei, volontairement, se mit à pleurer à chaudes larmes et à sangloter. La sentinelle, craignant d’être accusée d’avoir frappé la fillette, ouvrit avec promptitude la porte de la cellule de Joséphine Ly et y fit entrer le petit ange. Et l’innocente Siao Mei remit à Joséphine le précieux petit mouchoir…

Elle resta un petit moment, silencieuse et recueillie, dans cette cellule, puis elle se remit à pleurer et la porte s’ouvrit à nouveau. Ainsi, en recourant aux larmes et à quelques petits caprices, Siao Mei réussit bel et bien, quatre fois, à porter la communion à sa prétendue tante.

Alors que, dans cette prison obscure, des jugements criminels étaient émis contre des innocents ou contre les adeptes du Christ, alors que des scènes de terreur et d’horreur s’y produisaient de manière répétée, nous y vivions, nous, des scènes de piété et d’amour, des scènes qui faisaient penser aux premiers siècles de l’Eglise.
(eda/ra)

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