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Pierre-Marie (LE) BOURDONNEC (1) (1859-1905)

Il naquit au Gollot, hameau de la commune de Ploumilliau, le 18 juin 1859, fit ses études au Petit Séminaire de Tréguier, et entra au Séminaire des Missions Etrangères de Paris le 14 septembre 1878. Il reçut le sacerdoce le 23 septembre 1882, et partit le 8 novembre suivant pour le Thibet. Il débuta à Yerkalo,

d’où la persécution le chassa en 1887. S’étant retiré dans leYun-nan, il passa l’année suivante à Tsekou, et en 1891, revint à Yerkalo. En 1894, on le nomma chef de ce district et, à partir de 1901, il s’occupa assidûment de l’école des catéchistes.

En avril 1905, une nouvelle persécution le contraignit encore à se cacher ; mais, cette fois, il ne put échapper aux païens ; le 23 juillet suivant, près du village de Tatochilong, il tomba sous les coups d’une bande de Lyssous et de gardes nationaux de Patin. Après avoir eu le corps criblé de flèches empoisonnées, il fut décapité. En février 1907, ses restes furent apportés à Tsekou où lui furent faites des funérailles solennelles.
Il avait traduit en tibétain les Visites au Saint-Sacrement, de saint Alphonse de Liguori ; ce travail demeuré manuscrit a été détruit pendant la persécution.

(1) Bourdonnec ou Le Bourdonnec ? Dans la langue bretonne, l’article devant les noms propres n’est pas déterminant, d’où les confusions fréquentes imputables aux secrétaires de mairie chargés de l’Etat-Civil.

Nécrologie
Massacre d’un Missionnaire breton au Thibet
Au mois d’avril dernier, une dépêche parvenue au Supérieur des Missions Etrangères de Paris annonçait une révolte des indigènes du Thibet contre tous les étrangers. Ils avaient, disait-on, massacré tous les missionnaires catholiques parmi lesquels se trouvait un de nos compatriotes, le R.P. Le Bourdonnec, de Ploumilliau. Cette nouvelle était fausse, ou du moins exagérée ; deux prêtres seulement avaient succombé sous les coups des révoltés, les PP. Mussot et Soulié. On avait lieu d’espérer que le désastre s’arrêterait là, car, à l’est, le vice-roi du Sé-Chouan avait envoyé de nombreux soldats pour réprimer la rebellion et, au sud, celui de Yun-Nan avait fait de même. Hélas ! à la fin de juillet, deux autres missionnaires ont encore été massacrés et, cette fois, à n’en pas douter, le P. Le Bourdonnec a cueilli la palme du martyre. Voici en effet le récit que publient, d’après les lettres des missionnaires survivants, les Missions catholiques du 3 novembre dernier :
« Le 18 juillet, les soldats du Yun-Nan, au nombre de 800, se laissèrent enfermer et assiéger dans la ville de Atentse par les lamas. Ceux-ci étant maîtres de la situation, se portèrent aussitôt sur Tse-kou, où ils savaient que se trouvaient les PP. Dubernard et Bourdonnec. De Atentse à Tse-kou, il y a deux jours de marche ; les missionnaires avertis de l’approche des persécuteurs, quittèrent leur résidence le 20 au matin.

Le P. Bourdonnec, accompagné de quelques chrétiens, se dirigea vers le sud. Mais déjà le pays était soulevé ; il dut se cacher sans cesse et fuir par des sentiers à peine praticables. Le 22, il est pris par une bande lancée à sa poursuite. On le dépouille, on le maltraite de toute manière, on le lie à un arbre pour servir de cible à ces forcenés. Le martyr, les yeux au ciel, recommande son âme à Dieu et prie pour ses bourreaux. Un coup de sabre lui tranche la tête.

Trois chrétiens sont pris avec lui, deux sont tués, le troisième réussit à s’évader, et c’est lui, qui, parvenu à Talyfou, a raconté le supplice du missionnaire.
Le P. Dubernard, vieux et affaibli, ne put fuir longtemps ; il se cacha dans les forêts. Il fut découvert le 26 juillet. Ses bourreaux le somment d’invoquer Bouddha :
« – Voilà quarante ans que je prêche la religion du Seigneur du ciel, et je serai heureux de mourir pour Lui ! », répond le vieil apôtre.

Il est aussitôt massacré ».
Le Ministère des Affaires Etrangères lui-même a été informé de ce massacre par le Ministre Plénipotentiaire de France à Pékin.
Le R.P. Pierre-Marie Bourdonnec était âgé de 46 ans. Il avait été ordonné prêtre en 1882 et était parti pour le Thibet aussitôt après son ordination.

Notice nécrologique extraite du n°45 de la Semaine Religieuse du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier du 10 novembre 1905.
DOCUMENTS CONCERNANT LE R.P. PIERRE-MARIE BOURDONNEC CONSERVES A L’EVECHE DE SAINT-BRIEUC :

• Lettres du P. Pierre-Marie Bourdonnec à sa famille, et en particulier à sa mère, 1883-1905. Deux classeurs de lettres dactylographiées paginées 1 à 291 (transcription effectuée en 1973 par Melle Moreau-Rendu de Versailles à partir des lettres manuscrites conservées désormais aux Archives des Missions Etrangères de Paris. Ces deux volumes ont été récupérées en 1993 auprès de la famille par l’abbé Augustin Le Grand, recteur de Ploumilliau. Dans une lettre datée du 30 janvier 1994 adressée au P. Augustin Le Grand, Denise Bourdonnec, la [petite] nièce de Pierre-Marie Bourdonnec, indiquait que « les lettres de notre oncle ont été conservées par mon père et remises par nous aux Missions Etrangères de Paris ; l’écriture y était très fine et serrée et le papier très fin »).

• Une histoire Tibétaine à ne pas oublier. Le Père Pierre-Marie Bourdonnec des « Missions étrangères de Paris », massacré pour la Foi au Tibet en 1905. Recueil des lettres du Père Bourdonnec constitué par les M.E.P. et tiré à peu d’exemplaires en polycopie au Séminaire à Paris, 216 pages, sans auteur, sans date (ce recueil est une version raccourcie des deux classeurs cités précédemment ; le document conservé à l’évêché est un exemplaire photocopié du recueil original prêté en [1993] à l’abbé Augustin Le Grand, recteur de Ploumilliau, par l’abbé Yves Le Bourdonnec, alors en retraite à Pommerit-Jaudy).

• Quelques notes sur le Révérend Père Pierre-Marie Bourdonnec, Missionnaire de la Société des Missions Etrangères de Paris, massacré au Thibet le 22 juillet 1905, in Registre de paroisse de Ploumilliau ; notice manuscrite de 13 pages contenant : courte introduction – extrait du compte-rendu de l’œuvre de la Propagation de la Foi, exercice 1905 – copie des lettres du P. Bourdonnec à sa mère (2 juillet 1905), à ses frères (4 juillet 1905) – copie d’une lettre des M.E.P. au recteur de Ploumilliau annonçant que le P. Bourdonnec a été massacré en haine de la foi, le 22 juillet 1905 – extrait du n°464 des Annales de la Propagation de la Foi de janvier 1906.

Articles :
• Lettre du Père Bourdonnec à sa mère, Tsekou, le 2 juillet 1905, in Semaine Religieuse du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, n°47, 24 novembre 1905, p.740-743.
• Lettre du P. Monbeig racontant les circonstances du meurtre du P. Bourdonnec, Taly-fu, 14 septembre 1905, in Semaine Religieuse du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, n°3, 19 janvier 1906, p.37-39.
• De Ploumilliau au Tibet, in Vie Diocésaine de Saint-Brieuc et Tréguier, n°20, 21 et 22 (19/11, 03/12 & 17/12 1993) et n° 1 et 2 (12/01 & 28/01/1994).
[Le 5 février 1993, Mgr Fruchaud, évêque du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, recevait un courrier de la Société des Missions Etrangères de Paris l’informant que le Supérieur général de la Société, le Père Raymond Rossignol, avait entrepris les premières démarches en vue d’introduire la cause de béatification des martyrs du Tibet…]

SOURCES COMPLEMENTAIRES :
Tibet… la mission impossible. Lettres du Père E. Dubernard de 1864 à 1905, présentées par Jean Espinasse, prêtre en Corrèze (Fayard – Coll. Le Sarment, sept. 1990).
Lettres qui évoquent la vie pleine de périls du P. Dubernard, qui a passé 41 ans à évangéliser de très pauvres tibétains dans un unique poste de la vallée du Haut-Mékong, écrasée entre des montagnes de 4 à 5000 m.
Il est souvent question du P. Bourdonnec dans les lettres du P. Dubernard.

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Une tablette de marbre blanc était autrefois fixée au mur de la sacristie de l’église de Ploumilliau, en face des tombes de la famille. Elle portait l’inscription suivante :
« A la mémoire du R.P. Pierre-Marie Le Bourdonnec, missionnaire apostolique,
né au Gollot en Ploumilliau le 19 juin 1859,
mis à mort par les Lamas en haine de Jésus-Christ à Tsekou (Thibet) le 22 juillet 1905.
Sanguis martyrum est semen christianorum – Tertullien in fine Apol. »
[En 1993, le recteur de Ploumilliau signalait que
« cette plaque est actuellement fixée au mur du cimetière, derrière les tombes de la famille »].

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