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RELIGIEUX DU GRAND ST-BERNARD AUX MARCHES DU THIBET

Rien n’est plus prenant que les choses missionnaires dans leur innombrable variété. Encore faut-il les voir telles qu’elles sont. Quoi de plus original, par exemple, que la tentative mise en train par les religieux du Grand Saint-Bernard, pour installer, aux Marches du Thibet, sur le col qui sépare la haute vallée de la Salouen de celle du Mékong, un hospice secourable aux voyageurs, réplique de celui que saint Bernard (de Montjoux) bâtit, sur un col des Alpes, il y a 900 ans ? Tout autant que charitable, l’entreprise n’est-elle pas singulièrement pittoresque, on pourrait dire sportive ? (…)

Pour eux (les journalistes) ce sont des moines montagnards qui, pour évangéliser les montagnards du Thibet impénétrable, ont trouvé enfin la formule et, d’un coup de baguette, se sont soudain transportés, avec leurs chiens fameux, quelque part à 3’800 mètres d’altitude, sur une passe de l’Himalaya, pour y secourir les bonnes gens égarées dans les neiges. Très bien ! Tout n’est pas faux dans ce petit roman. Mais le coup de baguette en question cache une réalité dont vous aimeriez peut-être à connaître le secret. Il m’est facile de vous le livrer. C’est la Société des Missions Etrangères de Paris qui est chargée d’évangéliser les régions thibétaines. Or, son Supérieur Général actuel est un vieux missionnaire qui a passé une grande partie de sa vie aux derniers recoins de la Chine intérieur, à la lisière du Thibet.

Et c’est pourquoi, devenu Supérieur Général des Missions Etrangères de Paris, le vieux missionnaire alla trouver le Prévôt du Grand Saint-Bernard et lui demanda d’envoyer quelques-uns de ses religieux renouveler, à l’autre bout du monde, le geste de touchante charité dont naquit, au XIe siècle, leur congrégation. La réponse fut aussi prompte que généreuse.

C’est par là (Passe du La Tsa) que selon toutes les prévisions, passera … la meilleure voie de communication entre le Yunnan thibétain et les districts extrêmes de la Haute-Birmanie Anglaise.

Mais qui n’admirait ce travail de fourmi si patiemment poursuivi, si souvent détruit et toujours recommencé, dans des régions ignorées et pratiquement inaccessibles ?

En tout cas, quand leur hospice fonctionnera, que de pauvres gens harassés, affamés, éclopés ou perdus dans les neiges, y trouveront secours, réconfort et salut ? Tant de bienfaisance, venant chercher pour les soulager des misères si lointaines et si obscures, ne saurait qu’attirer à l’Eglise catholique un surcroît de sympathie et faire, du nouveau Saint-Bernard, un centre silencieux, mais singulièrement efficace, de rayonnement chrétien.

En venant à la rencontre des Prêtres des Missions Etrangères au Thibet, les Religieux du Grand Saint-Bernard ont donné un bon exemple. Puissent-ils en être récompensés !

Mgr Jean-Baptiste Budes De Guébriant

EXTRAITS tirés de la revue « Les missions catholiques » – 1935

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