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    PAYSAGE LUNAIRE DU CHOULA

cathé SUR L’EUCHARISTIE PAR UN ABBE (2)

CHAPITRE V   LA PRESENCE SACRAMENTELLE DU CHRIST AU MILIEU DE NOUS

La communion sacramentelle au sacrifice rédempteur

1. Comment le salut du monde s’est-il opéré ?

— Le Verbe se fait chair et, à la Cène, se rend corporellement présent sous les apparences du pain et du vin, pour permettre aux disciples (le s’unir à son sacrifice rédempteur, par la com-munion sacramentelle.

2. Gomment le salut du monde doit-il se continuer ?

— Le Verbe fait chair, maintenant ressuscité, veut demeurer corporellement parmi nous sous les apparences du pain et du vin, pour qu’à notre tour nous puissions nous unir à son sacrifice rédempteur, par la communion sacramentelle.

Promesse et institution de l’Eucharistie

3. Où cette volonté divine est-elle d’abord signifiée?

— Dans le discours sur le pain de vie, où saint Jean donne le récit de la promesse de l’Eucharistie.(Jean. VI).

Jésus y annonce successivement :

1° le mystère de l’Incarnation « Je suis le pain vivant descendu du ciel »(VI, 51a).
2° le mystère de la Rédemption sur la Croix : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » ;
3° le mystère de l’Eucharistie « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme(VI, 51b). ne buvez son sang vous n’aurez pas la vie en vous ;
» Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour;
» Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment un breuvage ;
» Qui mange ma chair et boit mon sang de¬meure en moi et moi en lui » (VI, 52-56).

4. Où cette volonté divine est-elle encore manifestée ?

— Dans les trois autres Evangiles (Matth., XXVI. 26.29 ; Marc, XIV, 22-25 ; Luc, XXII, 19-20) et dans saint Paul (I Cor., XI, 23-29) qui donnent le récit de l’institution de l’Eucharistie.

Voici le texte de saint Paul : « Le Seigneur Jésus, la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit, en disant : — Ceci est mon corps, pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après le repas, il prit la coupe en disant : — Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, chaque fois que vous en buvez. Car chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (à la fin du monde) ».

Saint Paul ajoute : « Quiconque mange le pain et boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation ».

La présence sacramentelle

5. Que veulent dire ces mots : « Faites ceci en mémoire de moi » ?

— Ce qu’il a fait par sa seule vertu à la Cène, Jésus donne aux disciples le précepte et le pouvoir de le faire, comme instruments de sa toute-puissance, à chaque Messe.

6. Qu’a fait Jésus à la Cène ?

— Alors qu’il était présent aux disciples évidemment et naturellement sous ses apparen¬ces propres, il s’est rendu présent à eux mysté¬rieusement et sacramentellement sous les appa¬rences du pain et du vin.

7. Y a-t-il eu à la Cène multiplication du Christ?

— Non. Il y a eu multiplication non pas du Christ, qui est unique ; mais de ses présences, l’une naturelle, l’autre sacramentelle.

8. La pluralité des présences du Christ à la Cène ou à la Messe, est-elle chose contradictoire et impensable ?

— Le concile de Trente répond : « Il ne répugne pas que notre Sauveur lui-même soit tou¬jours assis à la droite du Père dans les cieux selon sa manière d’exister naturelle, et que néan¬moins, en de nombreux autres lieux, il soit pré¬sent à nous sacramentellement par sa substance, selon une manière d’exister qui, bien que nous puissions à peine l’exprimer par les mots, peut néanmoins être conçue par l’esprit dans la lumiè¬re de la foi comme possible à Dieu, et que nous devons croire très fermement »(Denz., no 874).

La transsubstantiation

9. Le pain et le vin sont-ils restés à la Cène du pain et du vin ?

— Si le pain et le vin étaient restés ce qu’ils étaient, Jésus prenant le pain et le vin n’aurait pu dire : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang ».

10. Le pain et le vin ont donc été changés?

— Il y a dans le mystère de l’Eucharistie ce qu’on voit et ce qu’on croit.

Ce qu’on voit, ce sont les « apparences », les « accidents », les « espèces », bref les propriétés et activités du pain et du vin. Voilà ce qui est resté inchangé.
Ce qu’on croit, c’est que la réalité, l’être profond, la « substance » du pain et du vin a fait place à la réalité, à l’être, à la substance du corps et du sang du Christ.
Les apparences du pain et du vin recou¬vrent alors non plus, comme avant, la substance du pain et du vin, mais la substance du corps et du sang du Christ.

11. Y a-t-il d’autres exemples d’un tel changement ?

— Non, ce changement n’est comparable :

1° ni aux transformations accidentelles (un morceau de cire change de forme, une tige de fer s’échauffe ou se refroidit) ;
2° ni aux transformations substantielles d’ordre naturel (l’oxygène et l’hydrogène de¬viennent de l’eau ; le pain que nous mangeons se change en notre corps) ;
3′ ni aux transformations substantielles mi¬raculeuses (l’eau changée en vin à Cana ; la ré¬surrection de Lazare).

12. En quoi ce changement diffère-t-il d’une transformation substantielle?

— Il y a transformation substantielle quand une substance entre dans la formation d’une autre substance : le pain que nous mangeons entre dans la formation de notre corps.

Mais ici, c’est le pain et le vin qui simple¬ment font place au Christ, sans entrer dans sa formation ni le modifier en rien ; c’est tout l’être ou substance du pain qui fait place à son corps ; tout l’être ou substance du vin qui fait place à son sang. D’où le nom de transsubstantiation.

13. En quels termes cette doctrine a-t-elle été définie?

— Le quatrième concile du Latran, en 1215, parle de Jésus-Christ « dont le corps et le sang sont contenus véritablement dans le sacre¬ment de l’autel sous les espèces du pain et du vin : le pain ayant été transsubstantié en le corps, et le vin en le sang, par la puissance divine » ( Denz., no 428)..

Le concile de Trente, en 1551, condamne l’erreur qui « dit que, dans le très saint sacre¬ment de l’Eucharistie, subsiste la substance du pain et du vin avec le corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ ; et nie cette merveilleuse et unique conversion de toute la substance du pain au corps, et de toute la substance du vin au sang, qui ne laisse subsister que les espèces du pain et du vin : conversion que l’Eglise catholique appelle du nom très approprié de transsubstantiation »(Ibid., n’ 881).La transsubstantiation est la condition de la présence sacramentelle

14. Pourquoi l’Eglise a-t-elle défini la transsubstantiation ?

— Parce que, sans elle, il n’y aurait plus dans l’Eucharistie le corps et le sang du Christ, mais seulement du pain et du vin, par le moyen desquels on chercherait à s’unir au Christ, présent seulement au ciel.

15, La transsubstantiation est-elle révélée ?

— Elle n’aurait pu être définie si elle n’avait été révélée.

Si la présence du Christ sous les apparences du pain et du vin est révélée, la transsubstan¬tiation, qui seule la rend possible, est, de ce fait même, révélée elle aussi.

16. Comment l’Eglise sépare-t-elle l’erreur de la vérité en ce qui concerne la présence sacra¬mentelle de Jésus dans l’Eucharistie ?

— Elle écarte l’erreur suivant laquelle le Christ ne serait présent dans l’Eucharistie « qu’en signe, ou qu’en figure, ou que par sa vertu ».

Et elle confesse que « dans le sacrement de la très sainte Eucharistie sont contenus vraiment, réellement et substantiellement, le corps et le sang, avec l’âme et la divinité, (le notre Seigneur Jésus-Christ, et par conséquent le Christ entier » (Ibid., no 883).

A une simple présence par signe, par figure, par vertu, est opposée la présence vraie, réelle, substantielle.

Une mère qui contemple la photographie de son enfant, voilà une présence de signe ; une mère qui serre son enfant dans ses bras, voilà une présence immédiate, vraie, réelle, substantielle.

La pensée des premiers siècles

17. Cette doctrine est-elle celle des premiers siècles de l’Eglise ?

Saint Ignace d’Antioche (mort vers 110) écrit : « L’Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, la chair qui a souffert pour nos péchés, la chair que le père dans sa bonté a ressuscitée ».

Saint Justin (vers 155) : Comme Jésus-Christ notre Sauveur a pris chair et sang pour notre salut, « ainsi, eucharistié par la parole d’une prière venue de lui, l’aliment, dont notre sang et nos chairs sont nourris en vue de leur transformation, est la chair et le sang de ce même Jésus incarné, suivant l’enseignement que nous avons reçu».

Saint Grégoire de Nysse (vers 383) : « Nous avons donc raison de croire que le pain, sanctifié par la parole de Dieu, se transforme en corps du Dieu Verbe ».

Saint Ambroise (vers 387) : « La parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n’était pas, ne peut-elle pas changer les choses qui sont, en ce qu’elles ne sont pas ?… C’est [ici] la vraie chair (lu Christ qui a été crucifiée, qui a été ensevelie ; c’est donc vraiment le sacrement de sa chair. Le Seigneur Jésus le proclame : — Ceci est mon corps ! Avant la bénédiction par les paroles cé¬lestes, une autre chose est désignée ; après la consécration, c’est le corps qui est signifié. Lui- même parle de son sang : avant la consécration, on l’appelle autrement ; après la consécration, on le nomme sang. Et tu dis : — Amen, c’est- à-dire : — C’est vrai ! »

Incarnation et Eucharistie

18. Y a-t-il une parenté entre le mystère de l’Incarnation et celui de l’Eucharistie ?
— Il semble que Dieu, qui a tant aimé le monde qu’il lui a donné la présence corporelle de son Fils unique, ne devait pas lui arracher cette même présence corporelle au jour de l’Ascension.

De fait, nous savons que, la nuit où il est livré, Jésus se rend mystérieusement présent dans l’Eucharistie pour être au milieu de nous sous les signes de sa Passion, jusqu’au jour où il paraîtra dans sa gloire, à la fin du inonde.

CHAPITRE VI   LA COMMUNION

La communion au Christ crée la communion entre ses membres

1. A quelle unité les chrétiens sont-ils appelés ?

— En s’unissant au sacrifice du Christ par l’amour et la communion sacramentelle, les chrétiens sont appelés par surcroît à s’unir entre eux pour former le Corps mystique du Christ : à la manière dont les rayons d’un cercle se rejoignent en se rapprochant du centre.

2. Peut-on dire dès lors que le Christ sacramenté est cause de l’unité de son Corps mystique ?

— C’est la pensée même de saint Paul : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est- elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ?

« Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes,nous tous, un seul Corps, car tous nous participons au pain unique » (I Cor, X,16-17).

Le Christ sacramenté est un Pain un, unificateur, capable d’unir à lui, et par surcroît entre eux, ceux qui le reçoivent dans l’amour.

Le signe qui est vu et le signifié qui est cru

3. Quelles réalités sont contenues dans l’Eucharistie ?

— Il y a dans l’Eucharistie d’une part ce qui signifie, et d’autre part ce qui est signifié, à savoir d’abord le Christ sacramenté, puis le Corps mystique ou ecclésial du Christ.

4. Quels sont les signes sacramentels?

— Les signes sacramentels sont ce qu’on voit immédiatement, c’est-à-dire les apparences du pain et du vin.

5. Quelle est la première réalité mystérieuse désignée par ces signes ?

— C’est le Christ sacramenté : les apparences pain désignent son corps, donné pour nous ; les apparences du vin désignent son sang, versé pour nous.

Il est contenu lui-même substantiellement sous les apparences du pain et du vin.

6. Quelle est l’autre réalité mystérieuse ulté¬rieurement désignée dans l’Eucharistie ?

— C’est le Corps mystique ou ecclésial du Christ, qui se rassemble autour du Christ sacra¬menté. Il est contenu lui aussi dans l’Eucharistie, non pas substantiellement, mais comme le signi¬fié clans le signe, et l’effet dans la cause.

Les trois manières de communier

7. Qu’est-ce que la communion « spirituelle et sacramentelle » ?

— C’est l’union au sacrifice du Christ, non seulement spirituellement par la foi et l’amour ; mais encore sacramentellement par la consom¬mation de la victime : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean, VI, 56).

8. Qu’est-ce que la communion « seulement spirituelle » par le désir ?

— C’est le désir, à toute heure du jour, de rejoindre la Passion du Christ à travers le mys¬tère eucharistique qui la rend présente au milieu de nous.
A la vue des églises, saint François d’Assise aimait à dire : « Nous vous adorons, ô Christ, ici et dans toutes les églises qui sont sur toute la terre, et nous vous bénissons parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix ».

9. Que serait une communion « seulement sacramentelle » ?

— Ce serait la communion du pécheur qui, en recevant indignement le corps et le sang du Christ, « mange et boit sa propre condamnation »(I Cor., XI, 29).

Le contact sensible est le moyen d’un contact spirituel plus profond

10. Le contact sensible avec le Christ sacra¬menté, est-il un but ou un moyen ?

— Le contact sensible du chrétien avec les espèces sacramentelles qu’il consomme, et où Jésus est invisiblement mais réellement présent, est l’instrument d’un contact spirituel où l’âme fervente rencontre Jésus qui l’attire dans le drame de sa Passion rédemptrice.

11. Cette rencontre est-elle fugitive ou durable ?

— La rencontre sensible avec le Sauveur est fugitive, car sa présence corporelle en nous ne dure que l’espace de temps où les espèces sacra¬mentelles sont encore inaltérées ; mais elle suffit pour apporter à l’âme chrétienne une grâce dura¬ble et la même sorte d’entrée dans le mystère de la Croix que le Christ a voulu communiquer à ses disciples au soir de la Cène.

12. Toutes les communions sont-elles égales ?

— Elles sont toutes inégales. Car la grâce nous est alors donnée : 1° non pas certes indé¬pendamment de nos dispositions ; 20 mais au delà d’elles pourtant ; et 3′ proportionnellement à elles ; en sorte que qui s’approche avec deux reçoit quatre, et qui s’approche avec trois reçoit six, etc.

La communion sous une ou deux espèces

13. Pourquoi Jésus à la Cène s’est-il rendu présent sous les espèces du pain et du vin ?

— Pour signifier que l’on communie à son sacrifice rédempteur, qui s’est terminé par la séparation de son corps et de son sang.

14. N’a-t-il pas demandé à tous ses fidèles de manger sa chair et de boire son sang ?

— Oui, à plusieurs reprises, dans le discours sur le pain de vie : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous»(Jean, VI, 52).

15. Est-ce vraiment manger sa chair et boire son sang que de communier sous la seule espèce du pain ou sous la seule espèce du vin ?

— Oui, car « le Christ ressuscité ne meurt plus, la mort ne le dominera plus » (Rom., VI, 9).

Son corps et son sang ne peuvent plus être séparés.

Qui reçoit le corps, reçoit le sang, et tout le Christ ; qui reçoit le sang, reçoit le corps, et tout le Christ.

16. La question de communier sous une ou deux espèces peut-elle donc recevoir plusieurs solutions ?

— Oui ; elle ne touche pas à l’essentiel et à la vérité dogmatique ; elle demeure une simple question de discipline et d’opportunité.

17. Quelles ont été au cours du temps les diverses disciplines de l’Eglise ?

− La communion sous la seule espèce du pain a été dès le début autorisée pour les anachorètes, les malades, etc.

La communion était donnée en Orient aux enfants tout de suite après le baptême sous l’espèce du vin, la seule qui fût possible pour eux.

C’est au XIII’ siècle que prévaut l’usage, dans le rit latin, de la communion sous la seule espèce du pain, tant pour les laïques que pour les prêtres qui ne célèbrent pas.

Le viatique

18. Pourquoi appelle-t-on « viatique» la communion donnée au moment de la mort ?

— « Viatique » veut dire « voyage ». La communion donnée au moment de la mort aide à franchir le chemin (via) qui va de ce monde à l’autre.

Les effets de la communion

19. Quels sont les effets de la communion ?

— Ils sont faibles dans les âmes faibles et profonds dans les âmes profondes. 

20. Sont-ils toujours pareils?

— Ils sont multiples : ils ont la liberté et l’imprévisibilité d’une venue de Dieu dans l’âme. Ils peuvent tour à tour la consoler ou la désoler, l’illuminer ou la submerger par quelque remous Ils peuvent tour à tour la consoler ou la désoler, venu de l’agonie du Sauveur.

21. Peut-on les caractériser ?

— 1° Alors que le Baptême est le sacre-ment de l’initiation à la vie spirituelle, l’Eucharistie est le sacrement de la consommation de la vie spirituelle.
Ce que le Baptême a semé, elle tend de soi à le faire fleurir.

Sa fin est de faire passer pleinement en nos vies la vie même du Christ : « De même que je vis par le Père, celui qui me mange vivra lui aussi par moi »

2° Comme une barre de fer plongée dans le feu porte partout le feu, le corps du Christ, uni au Verbe qui est Amour, tend à communiquer l’amour. L’amour du Christ pour nous, qui suscite en retour notre amour pour lui, voilà ce dont vit saint Paul disant : « La charité du Christ nous presse. Il est mort pour tous, afin que ceux
qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » .(II Cor., V, 14-15).

3° C’est pour nous attirer dans cet amour même qui le fait entrer dans le sacrifice sanglant où s’accomplit la rédemption du monde, que Jésus institue la Cène dans la nuit où il est livré : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir »  (Luc, XXII, 15).

C’est une chose douce et redoutable de penser que Jésus nous convie chaque jour à racheter le monde avec lui.

4° C’est un même mouvement qui porte le Christ vers la mort sur la Croix et vers la résur¬rection glorieuse ; et c’est pourquoi il dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour »

5° S’il se donne sous les apparences du pain et du vin, c’est qu’il désire apporter aux âmes un réconfort pareil à celui qu’apporte à nos corps la nourriture et le breuvage : « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vrai¬ment un breuvage » “.(Jean, VI, 55).

6° En s’unissant vraiment au Christ par la charité, les chrétiens s’unissent véritablement entre eux.

C’est la pensée de saint Paul : « Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes, nous tous, un seul Corps, car tous nous participons au pain unique »(I Cor., X, 17).

Elle est développée dans la Didachè (fin du premier siècle) : « Comme ce pain, rompu autrefois et disséminé sur les collines, a été re¬cueilli pour devenir un seul tout, qu’ainsi, ô Père, ton Eglise soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton Royaume ; car à toi est la gloire et la puissance par Jésus-Christ dans les siècles ».

La Didachè rappelle ici la parole du Seigneur : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens » “.(Matth., VII, 6).

Elle sait aussi que l’Eucharistie est le sacre¬ment souverain de l’unité de l’Eglise et de son rassemblement dans le Royaume de la vie res¬suscitée : « Souviens-toi, Seigneur, de délivrer ton Eglise de tout mal et de la rendre parfaite dans ton amour. Rassemble-la des quatre vents, l’ayant sanctifiée, dans ton Royaume que tu lui as préparé ; car à toi est la puissance et la gloire dans les siècles ».

Elle aspire à ce moment suprême : « Que vienne la grâce et que passe ce monde ! »

EXTRAITS tirés du “Petit cathéchisme sur la messe” de l’abbé Charles Journet, futur cardinal – paru aux éditions St-Augustin – St Maurice – Suisse – 1960

DMC