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CHRETIENS-OUBLIES

Guilhamon Charles a écrit en 2012 aux Editions Calmann-Lévy un très intéressant livre intitulé « SUR LES TRACES DES CHRETIENS OUBLIES – carnet de route de deux amis pèlerins ». On y lit en page 273 ce texte : « Lorsqu’il était jeune, mon père a gagné l’Inde à pied pour ne pas être emprisonné. Ici il est considéré comme une véritable légende, un héros. Il s’est sauvé avec quelques amis et des fusils de chasse qui restaient des missionnaires. Certains ont continué vers l’Inde tandis que d’autres ont préféré partir en Birmanie. Le voyage dura plus d’un an et fut plein d’aventures, d’attaques de bandits, de bêtes sauvages… L’un de ses compagnons est mort sur la route. Mon père a finalement réussi à quitter le pays. Il a été recueilli par des missionnaires. Pendant vingt ans, il n’a pas pu donner signe de vie. Lorsqu’il a pu rentrer à la maison, il y a une quinzaine d’années, cela faisait trente ans qu’il n’avait ni vu, ni entendu sa femme et ses cinq enfants. A la suite des missionnaires définitivement chassés de la vallée, mon père est devenu le patriarche des chrétiens de la Salouen. Il est mort l’année dernière. A présent, c’est moi qui prends la relève »

Très vraisemblablement, il s’agit de ZACHARIE. Il a quitté la Haute Salouen et s’est réfugié tout d’abord en Birmanie, puis à Taiwan (Formose). Dans cette île, il vivait auprès des chanoines du Grand-Saint-Bernard, qui ont aussi missionnés, modestement peut-être, dans ce qui était appelé assez pompeusement la « Mission du Thibet ». Il y est resté assez longtemps et le chanoine Cyrille Lattion l’a même invité à visiter l’Europe, la petite Suisse et aussi Rome ; puis sur le conseil des chanoines, il est rentré dans sa belle vallée de la Haute Salouen où le Seigneur lui a permis de semer à tous vents, ce qui fait qu’il y a une quinzaine d’Eglises ou Chapelles érigées pour la plus grande gloire de Dieu Seul. Une partie de ses pérégrinations a été publiée par la Revue du Grand-Saint-Bernard et reproduit sur le site www.mission-thibet.org

Un peu plus loin dans ce même livre, on lit ceci : « Avec sa communauté, Pierre a fait faire une plaque commémorant la mort du prêtre, mais les autorités chinoises lui refusent encore le droit de la poser. Quelques kilomètres plus loin, nous faisons halte dans une chapelle fraîchement reconstruite dont les fresques sont l’œuvre de Michel, le fils de Pierre, qui rénove les peintures saintes de toutes les églises de la région. On y trouve la tombe du mythique père Genestier dont la légende plane sur la vallée. C’était un autre père MEP, dont la barbe immense frappe encore l’imaginaire des descendants de ses imberbes fidèles. C’était aussi un fameux chasseur. Sur le col de l’Alulaka, alors que les Lamas le rattrapent, il porte son fusil à l’épaule, vise et abat leur chef d’une balle entre les deux yeux. »

La tombe du père Genestier se trouve derrière la nouvelle église de Tchrongteu et l’autre père dont on parle est vraisemblablement le père Durand Pierre (1836-1865). Il occupait le poste de Kionatong non loin de Bonga. Ce dernier Père est assez mal vu de certains “thurifèraire” tibéto-français, car le Seigneur l’avait aidé à convertir un lama sauf erreur du monastère de Chamoutong, mais le Père avait démoli toutes les « idoles » ou « divinités » s’y trouvant ! Si ce n’est pas Durand. Il s’agit alors du père André Georges, qui a vécu de très longues années à Bahang (la petite biographie écrite par son collègue missionnaire LOVEY Angellin sera publié sur le site d’ici peu) et qui fait partie des trois derniers missionnaires expulsés de cette si belle région en 1952, avec le chanoine Louis EMERY et le « médecin de la région » BOB CHAPPELET (cf « LA CROIX TIBETAINE » de Jean-Louis Conne (www.editionsmondialis.com)) et aussi les enregistrements sonores qui se trouvent sous le nom de Chappelet Robert sur le site.

La superbe église où se trouvent les fresques indiquées ci-dessus est celle d’ALOLAKA (Oulaga), des photos et/ou des clips seront mis sur le site précité d’ici peu.

En page 276 du livre indiqué au début du présent, on trouve encore ceci : « La petite église du village de Kionatong surplombe le creux des montagnes et la brume blanche qui le remplit petit à petit lorsque le soir s’installe. Encore une tombe de prêtre, derrière l’église. Celle du père Vincent Ly, chinois celui-là. L’histoire raconte qu’en apprenant que les communistes étaient en route pour l’arrêter, il a prié et dit la messe pendant une semaine. Au terme des sept jours, il s’est éteint de sa belle mort. Il nous semble que tous les recoins de la vallée ont été le théâtre d’événements merveilleux. Si on nous disait maintenant que les arbres chantent la nuit ou que les animaux parlent, nous serions prêts à le croire »

Le père Ly Vincent est décédé en 1958. Il avait été ordonné prêtre par les MEP à Tatsienlou (actuellement Kangting) dans la province du Sichuan, et c’était dans ce dernier lieu que se trouvait le vicaire apostolique de la mission du THIBET, monseigneur Valentin expulsé manu militari et grabataire en 1952.                      

DEO GRATIAS !                              

DMC