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DECOUVERTES

Un jeune anthropologue italien de la région de Trente vient d’écrire un superbe livre ayant pour titre : « Il lato invisibile del paradiso (Le côté invisible du paradis) » avec comme sous-titre : Pèlerinages aux confins du Tibet.

Ce jeune doctorant de Cambridge a étudié pendant plusieurs années, de 2003 à 2009 la région de Deqin (Atuntze pour ceux qui se sont intéressés de près ou de loin à la mission du Thibet des chanoines du Grand-St-Bernard). Cette région englobe non seulement la ville que les chinois appellent Deqin, mais également Tsekou, Tsedjrong, Patong, etc… En d’autres termes, les quelques principaux hauts lieux de la mission du Thibet dans le haut Mékong, où s’est en particulier illustré comme vicaire, l’ancien prévôt du Grand-St-Bernard, le chanoine Angelin Lovey, mais également le bienheureux Maurice Tornay.

Giovanni Da Col, auteur du livre précité, avec l’aide d’un photographe en la personne de Luke Duggleby, s’est également intéressé à Yerkalo.

Voici quelques informations qu’il nous donne dans ce livre, informations qu’il a glanées au fil de ses études, qui feront l’objet d’un livre à paraître vraisemblablement l’année prochaine à savoir :

1. L’UNESCO a considéré que les terrasses de sel de Yerkalo, plus précisément de Tsakalho faisaient partie du patrimoine culturel de l’humanité. Il s’agit de l’unique lieu au monde où le sel est recueilli dans un fleuve (Mékong).

2. Pour bien comprendre l’importance du sel dans cette région où le bienheureux Maurice Tornay a été quelque temps curé, les habitants de Yerkalo (Yanjing en chinois) ont toujours en mémoire les valeurs d’échange de leur « or blanc ». Ainsi, un kilo de sel valait trois kilos d’huile, neuf kilos de graines ou quatre kilos de viande.

3. A Yerkalo, l’hiver est appelé « le temps lors duquel le sel est mort » (tshawa shidu).

4. Depuis plusieurs siècles, les deux ethnies Naxi, aussi appelée Mosso, et Tibetaine se partagent l’exploitation et le commerce du sel. Les Tibétains travaillent sur la rive occidentale du fleuve Mékong et les Naxi occupent la rive orientale.

5. Le travail d’exploitation est pour grande partie exécuté par les femmes, les hommes collaborent seulement durant les mois du printemps et cela quand la production est plus abondante.

6. Les puits sur la rive occidentale du Mékong produisent un sel blanc, pendant que des puits de la rive orientale est extrait un sel rosacé.

7. Dans la préfecture tibétaine de Deqin, les tibétains sont l’ethnie majoritaire par rapport aux treize ethnies peuplant cette région, suivie par les Lissou, les Han (chinois majoritaires), les Naxi, les Bai, les Nu (ou Loutze) et également les Hui (musulmans). L’auteur en tant qu’ethnologue-anthropologue arrive même à dire que dans ce creuset des cultures, le concept même d’ethnie est en train de « se dissoudre » ou même plus affirmativement se dissout.

8. Selon les lois de la préfecture autonome, les Tibétains ont des avantages dans les charges publiques. Or, l’ignorance ethnologique et linguistique du gouvernement permet pourtant aux Naxi, Lissou et même Chinois Han à se faire passer pour Tibétains pour obtenir les bons postes au service du gouvernement.

9. Les Chinois pour alimenter leur industrie touristique ont même créé le mythe de Shangri-La. Ainsi, ils ont appelé l’ancienne ville de Zhongdian par ce nom. La racine de ce mythe est basée tant sur la tradition chrétienne que sur celle bouddhiste. C’est un romancier américain (James Hilton) qui en a fait un livre paru en 1933. Shangri-La était gouvernée par un grand Lama qui se révèle être un frère capucin qui est arrivé dans ce lieu magique quelques siècles avant pour porter la parole de Dieu.

10. Giovanni Da Col indique tout de même que parmi les points obscurs de cette si belle région, on constate encore la présence de lépreux et cela dans la région montagneuse et perdue de Tsechung.

11. Or, les Bouddhistes considèrent les lépreux comme des non humains, situés au niveau cosmologique inférieur à celui d’un animal. Pire encore, la lèpre est considérée comme une impureté spirituelle.

12. Seulement les « Tibétains » catholiques ainsi que le gouvernement chinois (qui officiellement considère la lèpre comme éradiquée) fournissent soins et aide aux lépreux. Il est vrai que la lèpre pour les chrétiens n’est pas source de contamination spirituelle comme pour les bouddhistes, mais bien une occasion pour accomplir des actions vertueuses.

13. Cette région unique possède également une montagne sacrée le Khawa Karpo (6’800 m). Cette montagne reste avec le mont Kailash une des montagnes sacrées les plus importantes (du Tibet) et jusqu’à aujourd’hui inviolée. La première tentative d’escalade fut effectuée en 1987. En janvier 1991, une expédition sino-japonaise fut ensevelie dans une avalanche et cela durant la descente au camp N° 3 à 5100m. Les 17 alpinistes composant cette expédition sont morts. Les cadavres furent retrouvés seulement en 1998.

Il y aurait encore bien d’autres informations à citer. Ainsi, comme l’ont relevé bien des connaisseurs des marches thibétaines du Yunnan, notamment l’auteur de la “Croix tibétaine” en la personne de Jean-Louis Conne alors que les monastères bouddhistes Nyngmapa (bonnets rouges) toléraient les chrétiens, les conflits avec les monastères de l’école dominante des Gelugpa (bonnets jaunes) étaient fréquentes. Ainsi le lamaserie de Karmda d’où venaient les personnes qui ont tué celui qui est devenu notre bienheureux Maurice, provenaient effectivement de l’école Gelugpa.

A une autre occasion je vous raconterai et fournirai d’autres “perles” que j’aurais récoltées au gré de mes lectures.

DMC

P.S. De 1998 à 2007, les touristes chinois et étrangers dans cette si belle région ont passé de 54’630 à 3’300’000 par année. Sans commentaire !