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JOSEPH F. ROCK

« … Joseph F. Rock. Américain d’origine autrichienne, cet explorateur avait parcouru, à cheval, le chemin du Siam jusqu’en Chine, puis il avait exploré de long en large l’Indochine française, le Siam et la Birmanie avant de s’installer à Lijiang et d’explorer en botaniste, puis cartographe, les régions frontière du Tibet et du Yunnan, aux habitants mal connus des autorités supérieures chinoises elles-mêmes.

En mars 1933, le gouverneur Long Yun, un Lolo né à Tchao Tong, confessait : « Quel regret que nos compatriotes prêtent si peu d’attention aux régions des frontières ! C’est ainsi que nous ne connaissons rien de ces régions. Comment ne pas soupirer ! » En réalité cette pseudo-ignorance, qu’on exprimait par d’hypocrites soupirs, traduisait le mépris dans lequel les Chinois tenaient les minorités ethniques des confins du Yunnan, « des sauvages de faible intelligence et d’esprit routinier » des barbares au nom desquels on rajoutait le suffixe « chien ». Sur le plan stratégique, les chinois étaient parfaitement informés de ce qui se passait sur leurs frontières.

« Depuis que la Birmanie est assujettie à l’Angleterre et l’Annam à la France, les deux puissances voisines nous oppriment de leur supériorité politique et économique. Toutes les régions voisines des frontières sont dans un situation critique » notait alors Tchen Yu-Ko, le Chargé du Bureau d’Education populaire au Yunnan . « La situation des régions frontières est pour nous d’une extrême importance » renchérissait Long Yun, le gouverneur du Yunnan qui vendait leurs charges aux mandarins envoyés dans ces terres oubliées qui, à leur tour, se payaient en pressurant les indigènes.

Né à Vienne en 1884, arrivé aux Etats-Unis en 1905 puis naturalisé Américain en 1913, professeur appointé de botanique, chargé de mission par le département d’agriculture des Etats-Unis correspondant de la National Geographic Society de Washington. Joseph F. Rock s’était fixé en 1922 dans la ville de Lijiang, capitale de l’ancien royaume de Na-Khi (naxi) ou Mosso, avait adopté un enfant et poursuivait de façon indépendante, une étude approfondie de cette ethnie.

Dans un ouvrage chinois de 1933, préfacé par Tchang Pang-Han, commissaire du Bureau de Reconstruction du Yunnan, on pouvait lire : « Les étrangers font, sur des sujets que nous avons l’habitude de négliger, des études à la fois très intéressantes et systématiques. Le Dr Rock a publié ses études dans une revue géographique américaine. Il a réussi à attirer l’attention de ses compatriotes instruits. Ces sortes d’affaires doivent exciter notre honte ».

Quant à Tchen Yu-Ko, Chargé du bureau de l’Education populaire, il ajoutait : « Lorsque nous voulons discourir et écrire au sujet des régions frontières, il nous est nécessaire de puiser dans les œuvres des lettrés étrangers ». Des travaux encore plus complets de Joseph F. Rock, sous le titre « L’ancien royaume Na-Khi du sud-ouest de la Chine » allaient être publiés en 1947 sous les auspices du Harvard-Yenching Institute.

En septembre 1923 Joseph F. Rock Joseph F. Rock avait reçu Alexandra David-Néel à Lijiang et l’avait soutenue de ses conseils et recommandations, utiles aussi bien à la poursuite de son voyage qu’à sa carrière. « Il m’a assuré que cette société – la « National Geographic Society » américaine – serait heureuse de publier des articles de moi sur le Tibet et m’a donné deux lettres d’introduction pour son président et son vice-président. Je verrai à les utiliser au printemps prochain », écrira Alexandra David-Néel, depuis le poste missionnaire de Tsechung, le 23 octobre 1923.

Joseph F. Rock l’y avait rejoint à fin octobre 1923 à Tsechung, poste central des Missions Etranges de Paris dans la vallée du Mékong où officiait alors le Père Ouvrard, un Vendéen. Lui aussi avait fait bénéficier Alexandra David-Néel de ses connaissances étendues de la région et de ses recommandations pour la suite de son voyage dans les « Marches du Thibet, notamment via les autres postes Catholiques qui y étaient établis depuis longtemps.

Mais fidèle à son caractère impossible et son obsession de réaliser un exploit retentissant, en s’attribuant seule tous les mérites, afin de devenir enfin une triomphante et reconnue orientaliste, Alexandra David-Néel , parlant de Joseph F. Rock : « Sa venue m’a retardée car je ne voulais pas partir avec lui afin de risquer de recevoir l’offre embarrassante d’excursionner avec lui ». Mais son ouvrage « Voyage d’une parisienne à Lhassa », qui fera plus tard grand bruit, sera très dubitativement accueilli par Joseph F. Rock, aussi bien que par les missionnaires catholiques, acteurs et connaisseurs des « Marches du Thibet » depuis longtemps.

Le Père Francis Goré écrira dans une note : « (…) je supporte mal que cette voyageuse ignorante de la langue, affecte d’engager une conversation avec toutes sortes de personnes officielles, marchands, soldats d’escorte et même brigands de grands chemins », ajoutant « (…) il y a trop de faits et de situations invraisemblables dans ses récits »

Joseph F. Rock, expert en photographie, qualifiera de « trucage manifeste » la photographie qui montrera dans son livre Alexandra David-Néel devant le palais du Potala à Lhassa. Il n’hésitera pas à dire : « si Alexandra David-Néel est certainement une grande voyageuse, elle n’a, d’après moi, jamais mis les pieds à Lhassa ».

Extrait tiré de l’œuvre du spécialiste Jean-Louis Conne intitulé « LA CROIX TIBETAINE » « Des chiens d’aveugles au Saint-Bernard en Chine – De la mission du Tibet aux Services secrets américains – Chroniques de Robert Chappelet – Grand aventurier gentilhomme du XXe siècle – Récit historique illustré – édité par l’auteur, disponible auprès de Daniel Maurice Cipolla, Rue du Castel 1-1920 Martigny-Valais-Suissem mais aussi et surtout aupès du P. Nicolas Buttet (Euchristein), Yves Sarrasin (Eucharistein) et de l’archiviste Jean-Pierre Voutaz (Communauté du GSB – Martigny).

DMC

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