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LE PURGATOIRE

La tradition chrétienne nous apprend que beaucoup d’âmes entrent au purgatoire après la mort. Ce mot d’origine latine désigne un lieu de purification.

En allemand, on l’a traduit par le mot Fegefeuer, qui renvoie à une « purification par le feu ». L’idée que le purgatoire est un lieu où nous brûlerons pour expier nos péchés après notre mort est tenace. Très longtemps, ce mot a été synonyme de peur. Il est donc important de réfléchir à ce qu’est vraiment le purgatoire pour com¬prendre que cette idée est en fait positive et porteuse d’espérance.

Dans le bouddhisme, l’homme expie sa faute, son karma, en étant réincarné. La réincarnation comporte une idée de performance : nous devons nous-mêmes nous laver de notre faute et « payer » pour nos péchés. Le message du purgatoire est, au contraire, plein d’espoir et de joie. Lors de notre vie sur Terre, il nous est demandé de vivre selon la parole de Jésus. Mais nous sommes conscients que nous manquons toujours à ses exigences. Lorsque nous mourrons, nous ne devrons pas expier nos fautes « à la force du poignet ». C’est Dieu lui-même qui, parce qu’il nous aime, nous purifiera.

Comment comprendre ce qu’est le purgatoire ? Il ne faut se le représenter ni comme un lieu ni comme une durée. Notre purification se fait par la rencontre avec Dieu. Lorsque nous mourrons, nous mourrons dans l’amour de Dieu. Et dans cet amour de Dieu, nous reconnais¬sons aussi nos erreurs et nos faiblesses, ainsi que notre faute première, qui est d’avoir par trop souvent vécu à côté de cet amour. Lorsque nous nous abandonnons à cet amour, il nous purifie. Mais c’est un processus douloureux que de reconnaître notre imperfection et notre petitesse.

Il est plus facile de comprendre le secret du purgatoire en obser¬vant l’amour humain. Plus nous aimons quelqu’un, plus il nous est douloureux de nous rendre compte à quel point nous pou¬vons parfois être égoïstes. Lorsque nous décidons d’aimer pleinement quelqu’un, cet amour pour l’autre nous lave de tous nos désirs égoïstes. Mais c’est si douloureux que nous risquons parfois de nous fermer à cet amour, pour éviter de souffrir.

Nous comprenons alors mieux pourquoi prier pour les morts. Nous prions pour qu’ils puissent vivre cette souffrance en s’abandonnant pleinement à l’amour de Dieu.

Nous prions pour qu’ils entrent dans Son amour. Le sens profond de cette prière est de montrer notre amour pour ces personnes par- delà la mort. Nous prions afin qu’elles se sachent accompagnées et aimées dans leur mort, et qu’elles s’abandonnent à l’amour de Dieu.

La tradition demande que l’on célèbre une messe particulière six semaines après la mort d’une personne. Elle nous dit ainsi que nous devons prier six semaines pour que le défunt s’abandonne à l’amour de Dieu. Après ce temps, notre prière se change alors en une commémoration, comme celle que nous disons dans la deuxième prière eucharistique, à la messe : Souvenons- nous de nos frères et soeurs qui se sont endormis dans l’espérance de la Résurrection. »

Dans la prière, nous faisons l’expérience de la communion avec ceux qui nous ont quittés. lis continuent à faire partie de notre vie même après leur mort. Et notre prière se transforme aussi en une demande d’intercéder pour nous
La Divine Comédie. Le purgatoire, illustration de l’oeuvre de Dante par Gustave Doré (1832-1883).

auprès de Dieu, tout comme nous le demandons aux saints. À travers cette prière, nous reconnais¬sons que nous ne sommes pas seuls et que nous continuons à vivre en communion avec nos défunts, qui intercèdent pour nous auprès de Dieu.

J’aime beaucoup cette tradition qui consiste à célébrer tous les ans une messe pour l’anniversaire de la mort d’un défunt. Je la trouve pleine de sens, car l’eucharistie est justement le lieu où nous faisons l’expérience de cette communion avec les défunts et les saints. l’eucharistie abolit les frontières entre le ciel et la terre, entre les vivants et les morts. Les morts font à la fois partie de notre monde, dans lequel ils ont vécu, et prennent en même temps part au repas divin, au banquet de l’Agneau, qu’ils ont sous les yeux. Nous qui sommes encore vivants, nous sommes parfois emplis de doutes. Célébrer l’eucharistie nous permet d’apercevoir ce que nos défunts voient déjà.  L’eucharistie abolit les frontières entre le ciel et la terre, entre les vivants et les morts. »

Anselm Grün, moine bénédictain