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MARIE DE LA PASSION – F. DARC (4e EDITION – PARIS 1948) (PREFACE MGR DE GUEBRIANT) (extraits)

“En avant, pour la conquête trop longtemps différée du monde païen par les missions étrangères !”

A cet appel, plusieurs parmi les catholiques et au sein même du clergé font encore la sourde oreille. Comment croire, pensent-ils, qu’à l’heure où l’Eglise a tant besoin de réunir ses forces pour sauver ses positions essentielles menacées de toutes parts, elle songe à conquérir plutôt qu’à défendre ? 

C’est la chrétienté, c’est l’Eglise qu’il s’agit de fonder là où elle n’existe pas encore. Or, il n’y a de chrétienté que s’il y a des familles chrétiennes. Et ce qui fait la famille chrétienne, le foyer chrétien, c’est la femme. Ceux-là, parmi les missionnaires, le savent mieux que les autres, qui, travaillant aux avants-postes, ont trouvé quelquefois près des hommes un accueil presque facile, mais se sont sentis douloureusement impuissants à atteindre la femme païenne dans l’isolement farouche où elle se confine.

Il fallait, pour les femmes comme pour les hommes, un Institut purement
missionnaire où la vocation apostolique occupât le premier rang et dont le but unique fût la conversion des infidèles par des oeuvres de tout ordre, adaptées aux conditions et aux exigences des pays respectifs. 

Vous y verrez, car rien ne ressort avec plus d’évidence de ces pages si noblement simples et si discrètement vraies, que Dieu Lui-même a fait tout, et l’homme, rien, sinon se laisser faire par Lui.

“Repletum sum… Superabundo…” Et quand on jette les yeux sur l’incroyable épanouissement des Franciscaines Missionnaires de Marie nées d’hier et
dispersées aujourd’hui par milliers dans le monde, quand on essaie, sans y parvenir, d’estimer la somme de bien que leur Institut répand jusque dans les recoins les plus ignorés de la terre, quand on les sent, maintenant comme aux premiers jours, prêtes à voler là où se fait entendre un appel de détresse, alors on bénit Dieu d’être ainsi, tout le long des siècles, présent à tous les besoins de son Eglise, d’instinct on le supplie de glorifier jusqu’au bout la Servante magnanime dont Il s’est servi pour réaliser ses desseins, on admire l’Arbre franciscain, qui 700 ans après la mort de son Fondateur, donne naissance à de pareils rameaux, on envie à l’humble mission de Coïmbatour l’honneur d’avoir offert à Marie de la Passion son premier asile, et l’on ouvre son âme à tous les espoirs dans la persuasion invincible que Dieu ne préparerait pas à la propagation de la Foi de tels instruments, s’il ne lui réservait des triomphes. (p. 10) (fin de la Préface de Mgr de Guebriant).

C’était la mort, en effet, celle qu’ont connue tous les Saints le jour où “ils ont cru à l’amour du Christ,” celle après laquelle ils peuvent dire en vérité : “Je ne vis plus, c’est Jésus-Christ qui vit en moi.”

“Après cette grâce, a dit Hélène, je ne pouvais plus me séparer de sa Beauté. Depuis je n’ai jamais trouvé beau, bon, doux, que le Bien et je n’ai jamais aimé que Lui.”

“Un jour, dit-elle, au moment où je venais de communier, une claire lumière perça mon âme : “Que me dois-tu pour m’être ainsi emparé de toi ?” Et la vie religieuse se plaça devant mes yeux. Le don entier de moi-même, répondis-je, peut seul payer Celui qui s’est donné tout à moi.”

“J’ai trouvé Celui que mon coeur aime, et je ne le laisserai plus aller !”

Du Siège de Pierre descendit la parole qui devait donner naissance aux Missionnaires de Marie; Pie IX décida que le petit groupe de Coïmbatour prendrait l’ampleur d’un nouvel Institut spécialement destiné aux Missions, et tout de suite, verbalement, Il en approuva le nom et l’habit. C’est sauver l’avenir. De ce jour, 6 janvier 1877, les Missionnaires de Marie commencèrent d’exister, et leur vrai berceau fut cette humble demeure, cachée dans les montagnes de l’Inde.

Se laisser conduire par Dieu, sans faire de projets, sans tenir à quoi que ce soit, tel fut dès ce jour le plan d’action qu’elle choisit. D’ailleurs elle ne pouvait entrevoir la grandeur de la mission qui lui était réservée, elle n’aspirait qu’à ouvrir une maison en France afin d’y recueillir des sujets et des ressources pour les oeuvres d’Ootacamund. 

L’apostolat par l’Eucharistie, le culte de Jésus-Hostie propagé jusque dans les régions les plus lointaines et sauvages, l’Exposition du Très Saint-Sacrement centre, force, aliment des oeuvres en pays idolâtre et soutien tout-puissant de la vie des Franciscaines Missionnaires de Marie. Pour les guider ?…

C’est à ce travail que Marie de la Passion emploiera les vingt années qu’elle doit passer encore sur la terre. Œuvre gigantesque ! “Il faut, a dit un écrivain (Georges Goyau) de nos jours, remonter bien haut dans l’histoire, jusqu’aux périodes de foi ardente, pour trouver l’exemple d’un Ordre religieux se développant avec cette subite vigueur.” C’est, en effet, à travers le monde entier, des glaces du Canada aux régions brûlantes de l’Afrique Centrale, du fond de la Chine aux grandes capitales d’Europe, que Marie de la Passion va ouvrir successivement 86 Maisons peuplées de 3000 Religieuses.

ENFANTS DE WEIXI AVEC VIERGE INSTITUTRICE

Marie de la Passion : Franciscaine, Adoratrice, Missionnaire, Apôtre de Marie, Victime pour l’Eglise et les âmes, nous fera mieux comprendre à quelles sources profondes puisait son grand coeur, de quelles grâces Dieu revêtait son âme généreuse et héroïquement fidèle : nous la verrons pratiquer ce qu’elle écrivait : “A moi de prier et de souffrir, à Jésus de féconder si telle est sa sainte volonté.” 

Aussi son adoption dans la Famille de Saint François fut pour elle comme une liberté donnée à ses sentiments. Elle disait joyeusement : “Je suis la petite fille du Roi de la Pauvreté et du mépris du monde.”

“J’ai compris, leur dit-elle encore, combien la sainte Pauvreté était mère du divin Amour, et comment Saint François étant l’époux de cette toute belle, elle avait fait naître en son coeur l’amour séraphique.”

“Je vous le déclare, affirmait-elle un jour, je ne reconnaîtrai pas pour mes filles celles qui n’auront pas le courage de pratiquer l’absolue pauvreté… II faut qu’on puisse vous dire, fût-ce au milieu de la nuit : “Va ici, ou là,” et que vous puissiez vous lever et partir, sans un objet à emporter, sans un adieu à faire.”

Marie de la Passion savait le faire comprendre à ses filles. “Si nous étions plus riches, mes enfants, leur disait-elle, nous nous aimerions moins.”

La maison de Fribourg mérite une mention spéciale. Les Franciscaines Missionnaires de Marie y avaient succédé à une loge maçonnique, et la chapelle, une simple grotte creusée dans le tuf, était précisément l’ancien lieu de réunion des Frères. On disait qu’elle avait vu des profanations sacrilèges, et il ne fallait rien moins que des Victimes Adoratrices pour les réparer et apaiser la justice de Dieu. Ce sanctuaire était très cher à la piété de la Fondatrice, mais la charité lui en fit faire le sacrifice.

Ce ne sont pas des maisons qu’elle va fonder, ce sont des autels d’Adoration. Le rôle principal de la Missionnaire de Marie est là. Au pied de l’Hostie elle réalise une partie de sa vocation et elle se fortifie pour accomplir l’autre partie. Elle l’avait compris cette fidèle Marie-Hermine de Jésus, qui devait si héroïquement verser son sang pour le Christ, et qui disait : “L’Adoration du Très Saint-Sacrement est la moitié de ma vie, l’autre moitié consiste à l’aimer et à le faire aimer.”

“Jésus-Eucharistie, avait dit Marie de la Passion, est le grand Missionnaire de l’Institut.” Par ses Constitutions, elle voue ses filles à l’Adoration du Très Saint-Sacrement. “C’est alors surtout que les Franciscaines Missionnaires de Marie
doivent s’offrir en Victimes pour les péchés du monde, et plaider la cause des pêcheurs.”

“Si vous voulez goûter le plaisir de l’amour, il ne faut pas avoir l’amour du plaisir.” “Laissez Jésus faire de vous tout ce qu’Il veut, vous faire les opérations spirituelles nécessaires à vos maladies intérieures. Cela fait mal à la nature, mais c’est si bon pour la perfection.”

ELEVATION DU CORPS DU CHRIST AU LIEU DU MARTYRE

Jésus-Eucharistie est le grand Missionnaire de l’Institut disait Marie de la Passion. Elle avait la conviction absolue que le rôle de l’Institut dans les pays de Mission était surtout d’y porter et d’y favoriser le culte de la Très Sainte Eucharistie, d’élever son autel en face des autels de l’idolâtrie, de l’adorer en réparation des hommages rendus au démon, de s’y faire la prière intense, la supplication vivante, et d’amener aux pieds de Jésus-Hostie les ignorants et les victimes du paganisme et de la barbarie. Elle avait foi, et elle savait par une douce expérience, que le Trône de l’Eucharistie serait une source de grâces innombrables, semence d’oeuvres fécondes : l’attrait de Jésus-Hostie est si puissant sur les âmes !

Aussi, lorsqu’elle envoyait ses filles sous tous les cieux, tenait-elle particulièrement à ce qu’elles pussent y être des Missionnaires adoratrices. Elle rencontra quelques difficultés; certains Missionnaires pensaient que l’Adoration du Très Saint-Sacrement est une lourde charge pour des Religieuses absorbées par les oeuvres et que c’est une grosse dépense pour des Missions pauvres.
Marie de la Passion insistait, faisait comprendre que l’Adoration n’est pas un
surplus des oeuvres, mais qu’elle doit être de ces oeuvres le foyer et la vie. Et les faits lui donnaient parfois miraculeusement raison.

“Les Franciscaines Missionnaires de Marie s’établiront selon le désir du Saint-Siège dans toutes les Missions même les plus périlleuses et les plus éloignées.”

“C’est une affaire commune à toutes qui m’amène aujourd’hui. Il est question de fonder deux léproseries, la première, au mois de décembre, en Birmanie. Vous savez, mes enfants, combien les lépreux furent chers à Notre Seigneur, à tous les saints, spécialement à notre Séraphique Père et à ses premiers disciples. 

FRANCISCAINES MISSI0NAIRES DE MARIE

“Depuis sa fondation, l’Institut s’est toujours occupé des lépreux, de les soigner, de les secourir, et moi-même, pendant bien des années, j’avais, le samedi, la joie de les aider en l’honneur de Marie Immaculée et de son divin Fils. Toutefois, jusqu’à présent, nous n’avions pas la charge d’un de ces asiles où les disgraciés de la terre reçoivent les soins de l’héroïsme et de la charité. Le bon Dieu nous y appelle deux fois cette année, et je ne serais pas vraie si je ne vous avouais pas maternellement qu’il en coûte à ma nature, à mon coeur, de faire appel à mes filles pour un tel ministère. Mais si ma faiblesse tressaille, bien plus encore mon coeur est rempli d’allégresse, en pensant que la main divine grave en nous cette double ressemblance avec le divin Maître, avec François le Séraphique et nos premiers Pères.

“Bien entendu, mes enfants, je ne forcerai jamais qui que ce soit à se dévouer au soin des lépreux, si chers au Coeur de Jésus, parce qu’ils sont en horreur au monde. Il faut un appel, une vocation spéciale pour se consacrer à un tel dévouement. Celles qui en ont la volonté, le désir, m’enverront leurs noms et, avec la grâce de Dieu, le secours du Saint-Esprit, l’aide de Marie Immaculée et de notre Père Saint François, j’espère choisir dignement les élues du Seigneur au ministère de la charité héroïque.

“Ce choix devra être regardé par toutes comme une récompense du ciel et de la terre, car, je n’en doute pas, bien près de la palme du martyre fleurit au ciel la palme des servantes des lépreux. Que celles qui auront le désir d’aller à eux y voient donc une nouvelle raison d’une entière fidélité à leur Règle et à la grâce de la vocation religieuse.

Elle demandait six volontaires : plus de mille s’offrirent avec enthousiasme.

THIBETAINE DEVANT KAWA KARPO

“L’amour de Dieu est le trésor sans prix qui mérite qu’on lui sacrifie tout le reste.” 

DMC – 30.09.2014