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MISSION DU THIBET (SICHUAN)

Mission du Thibet (Sichuan) – M_E.P.  et Franciscaines Missionnaires de Marie (FMM) 

Il faut étre courageux pour habiter un pays, fût-il splendide, où la température ne dépasse pas 0° et se tient le plus souvent aux environs de -15″. C’est pourtant l’invitation de Mgr Giraudeau, m.e.p., aux Franciscaines Missionnaires de Marie, en 1910, les appelant à ouvrir un dispensaire à Tat-Sien-Lou, aux Marches du Thibet. Et parce qu’il s’agit de l’une des régions • les plus périlleuses et les plus éloignées«, où doit parvenir l’annonce de Jésus-Christ, Marie de la Rédemption dit – oui •.

Voici donc nos six fondatrices — qui n’ont pas forcément le pied montagnard, ni le goût des sports d’hiver — en route le 2 mai 1911 vers les hauteurs qui avoisinent le • toit du monde », avec une trentaine d’hommes qui se relaient pour les chaises ou portent les bagages,

Marie Zacharie, qu’elles ont prise au passage à Kiatin, profite des étapes de la route pour initier les autres aux premiers caractères chinois, et le soir, à l’auberge ou à la mission qui les accueille, chacune s’exerce à les reproduire. La bonne humeur franciscaine est du voyage =°, certes aventureux, et la louange l’accompagne jusqu’au bout :

• Ce n’est que peu avant d’arriver à Tas-sien-Lou que nous apercevons la ville entourée d’une muraille. Le paysage qui nous entoure est d’une beauté grandiose Nous contemplons les neiges éternelles sur la cime des trois montagnes qui encerclent la ville. Notre petit Tait-sien-Lou est construit dans une gorge et de toutes parts des monts agrestes l’environnent. Nous gommes, à 2.800 mètres d’altitude.

Tat-sien-Lou est le début du mystérieux Thibet. Les nombreuses pagodes, les lamaseries, les costumes originaux des Thibétains, les habits chaudron des Lamas, tout contribue à lui donner un cachet très pittoresque –

Sur 9 000 habitants, thibétains et chinois, 300 seulement sont chrétiens- L’influence du bouddhisme est toute-puissante, mais la minorité chrétienne, descendante des premières chrétientés persécutées, est aussi l’héritière de leur foi et de leur ferveur mariale.

Pour tous, le langage le plus intelligible est celui des gestes concrets de l’amour : le dispensaire a tout de suite des clients, et très vite s’y ajoute un début d’hospitalisation. Les Soeurs s’aperçoivent aussi de tous les besoins des missionnaires iso¬lés : sacristie, pharmacie, vêtements, etc, Un premier exil en montagne, à quelques mois do l’arrivée, a donné la mesure de l’insécurité. On construit quand môme au retour : couvent et chapelle Notre-Dame des Neiges, hôpital (un second res¬tera toujours en projet), orphelinat, pensionnat.

En mars 1912, Marie Gilborte prononce ses voeux perpétuels dans une fête enviable de pauvreté et de joie fraternelle. Mgr Giraudeau, qui les reçoit, croit un peu rêver, lui qui a longtemps cru impossible la venue de religieuses dans une mission constamment persécutée.

En 1939 s’ouvre le noviciat. Les œuvres se sont amplifiées, une école de catéchistes prépare des pionnières pour les montagnes. Encore quelques années et l’arrivée d’un bon renfort va permettre un nouvel élan. La renommée de la Soeur docteur s’étend au loin.,.


Pourtant, il s’agit toujours d’une position d’avant-garde, • Sans doute – écrit Marie Chrysanthe, qui en connait bien le chemin -, une belle route carossable a été cons-truite, mais comme partout dans ces régions. à la saison des pluies. les ponts s’effondrent et les torrents ne se passent plus que sur des échelles de corda ou quelque poutrelle suspendue. Les routes sont impraticables pan-riant tout l’hiver et une grande partie de l’été; il y a sept ou huit jours de marche entre chaque poste f . IA,

L’évéque écrit sa joie d’avoir de jeunes F,M.M. chinoises à la téta de trois écoles paroissiales : à Tas-sien-Lou même et dans les environs, où, à Chapa, Mosimien, elles travaillent en apôtres.

Les années qui suivent vont donner encore davantage la mesure de leur fidélité et de leur courage. En mars 1950, l’armée communiste prend Tat-sien-Lou sans coup férir, et Ies Soeurs n’ont pas de problèmes pour soigner, comme les autres, les malades ou blessés qui en font partie. Bientôt cependant arrive l’interdiction de circuler, puis commencent les séances d’endoctrinement ; les Soeurs sont séparées. C’est alors que Soeur Marguerite, chinoise, prend publiquement, à, doux reprises, la défense de son évêque, Mgr Valentin. Saisie par la police, maltraitée, dépouillée de son voile, de sa croix, elle dit simplement : , Vous pouvez tout me prendre, j’ai la face du Christ imprimée dans mon coeur !.

Toutes sont très courageuses, réussissent à communier au milieu de la nuit, en cachette ; glissent furtivement des billets redisant leur union aux Soeurs européennes qui, elles, sont contraintes de les quitter, le 9 septembre 1952. Sieur Myriam a essayé, dans les mois qui précèdent, de répondre aux séances d’endoctrinement par un endoctrinement à sa manière, inspirée par les méditations de Marie de la Passion pour la semaine de la Pentecôte. r La Parole n’est pas enchainée. 

A une longue journée à cheval au sud de Tat-sien-Lou, à travers forêt s vierges et glaciers, on arrive à la léproserie d’Otangze, à 3 km de Mossimien où nos soeurs tiennent aussi une école paroissiale. Batie sur un plateau qu’encadrent doux profonds ravins, la léproserie de < la Consolata > (due en partie au don généreux de la famille d’une postulante morte à Crottai est bordée d’un grand mur en galets d’une centaine de mètres, érigé par les malades eux-mêmes.

En 1930 a commencé la construction des pavillons, chapelle, couvent, dont les franciscains futurs aumôniers étaient aussi architectes et bâtisseurs. Les F.M.M. sont arrivées en 1931, et tout de suite les lépreux, Chinois, Thibétains, Lolos, ont afflué, devenant peu à peu une grande famille heureuse, malgré leur malheur, Mais la région, parce que lointaine et diificiiement accessible, se trouvait justement sur le parcours des armées communistes, et leur premier passage, en 1934, se signale par le martyre de deux franciscains et le pillage en règle de tous les bâtiments.

La vie reprend cependant, dans des conditions précaires. Marie Chrysanthe, alors provinciale, accueillie à deux reprises (1940 et 1949) à Otangze, où elle trouve plus de 200 malades, cherche comment secourir la misère des Soeurs et de leurs amis. Elle n’en aura pas le temps. En 1951, c’est la seconde invasion communiste, l’expulsion des franciscains et franciscaines étrangers; puis de loin en loin des nouvelles de celles qui «durent  là-bas, dans une fidélité héroique ; comme la Soeur qui écrit encore en 1953 à Marie de St Marc, vingt ans supérieure à la léproserie

«Je veux vous raconter comment nous avons passé de joyeuses fêtes de Péques. Dans une maison de chrétiens, plus de trente, nous avons fait un jour de retraite, la veille, le Père a prêché trais fois ; le jour de Pâques, à la messe, il y avait plus de 200 chretiens; trois enfants ont fait leur première communion, doux adultes ont été baptisés. Tous avaient le cœur joyeux.

Peur voir les amis de saint François, il y a des lois très sévères. Il n’est pas permis d’entrer, pendant deux nuits, deux chrétiens accompagnèrent le Père dans l’enclos, nous restions dehors. Plus de 200 purent se confesser et communier… Merci au bon Dieu. Merci a Marie.


DMC

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