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VALLON D’ALLO-LATSA

Voici une lettre écrite par le bienheureux Maurice Tornay, chanoine du Grand-Saint-Bernard en Suisse, martyr au Thibet en 1949. C’est le feu missionnaire qui brûlait son coeur et qu’il partageait avec ses confrères restés au pays.

« Dites-moi, n’aimeriez-vous pas descendre dans le vallon d’Allo, noir de forêts, sauvage comme un désert, parcourir les rives escarpées de la Salouen, grimper les rochers, la tête lourde comme du plomb, la bouche chauffée comme un brasier, éreintés jusqu’à marcher à quatre pattes, oui, mais aussi de ces pointes et de ces creux, faire surgir des clochers, couvrir le tonnerre des fleuves par celui des cantiques et mourir inconnus et ridicules, dans la nuit d’un village, au milieu des sauvages, à genoux.

Voilà le pain  qui nous attend. Qui en veut?

Je n’ai pas encore bien goûté son aigre saveur, mais je n’en sais pas non plus de préférable. Ou bien, il pourrait se faire aussi que l’on coure sans résultat, sans voir les clochers, sans entendre les cantiques; mais il me semble que courir pour Dieu est une oeuvre morale assez grande et assez belle en elle-même, pour se passer de résultat, si la chose était possibles.»



Bienheureux Maurice TORNAY, martyr au Tibet, Écrits valaisans et tibétains,   éd. Brepols, 1993, p. 112.