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VISITE PASTORALE 1902

1902 – Le grand événement, c’est la Visite Pastorale de Mgr GIRAUDEAU titulaire de Tymiade.

« Parti de Ta-tsienlou le 9 juin, j’y étais de retour le 24 octobre. j’ai, parcouru près de quatre-vingts étapes. Les neiges rendirent le retour difficiie. Je remercie Dieu de m’avoir accordé la santé nécessaire pour effectuer ce voyage, de m’avoir préservé de tout accident et d’avoir ramené à bon port mes cavaliers chinois, peu préparés pour une si longue expédition. »

« Sur le point d’arriver à Atentse, nous rencontrons M Dubernard qui, malgré sa santé affaiblie, avait chevauché deux jours à la tête d’une escorte de chrétiens. On avait répandu le bruit que les lamas d ‘Atentse arrêteraient l’évêque à son passage, et notre excellent confrère avait cru bon d’en avertir les autorités chinoises. C’est sans doute pour cette raison que la garnison, drapeaux déployés, vint nous recevoir à l’entrée de la ville et nous fit la même politesse au départ. Si les lamas avaient prévu cela, ils eussent été un peu plus discrets.

« Après quelques jours de repos à Tsekou, nous prîmes la route du Loutse-kiang. Je me sentis profondément ému lorsque, de la montagne qui domine le Loutse¬kiang, on m’indiqua au loin la situation des villages de Bonga, de Songta et de Lampou, dont les habitants (Loutse) continuent, m’a-t-on affirmé, à prier Dieu et la sainte Vierge pour obtenir le retour de leurs missionnaires, qui leur ont été enlevés par la violence, il y a trente sept ans. Le sentier qui conduit au Loutse¬kiang est extrêmement fatigant mais je fus grandement dédommagé de mes fatigues pendant mon séjour au milieu de nos nouveaux chrétiens dont la ferveur et le bon esprit m’étonnèrent, malgré ce qu’on m’en avait dejà raconté. Il est vraiment difficile de trouver une population aussi bonne, aussi honnête et qui soit si bien préparée à embrasser le christianisme. Si la foi n’était pas un don de Dieu, on pourrait dire que les loutses ont mérité d’être chrétiens. »……

« Après les fêtes de l’Assomption, que je célébrai à Tsekou, nous nous dirigeâmes vers Siao-Ouysy et Ouysy (Weixi). Dans cette dernière ville, la mission n’avait pas encore de pied-à-terre ; j’achetai, près de la porte du nord, un emplacement convenable pour y établir une résidence. Cette acquisition fut favorisée par l’accueil empressé que m’avaient fait les mandarins. On espère que la ville de Ouy-sy, dont la population est très paisible, aura bientôt son petit noyau de chrétiens.

Nous y rencontrâmes des chefs indigènes et des gens du pemander peuple, délégués  de groupes importants. Les uns et les autres étaient venus demander justice au mandarin chinois’ contre les lamas qui, sans aucun droit, s’emparent des terrains des villages et usurpent la juridiction civile des chefs nommés par le gouvernement de Pékin. Malheureusement, les mandarins même intègres sont entourés d’interprètes qui, payés par les lamas, présentent toutes les affaires sous un faux jour et font traîner les procès en longueur afin de ne point tarir la source de leurs revenus malhonnêtes.

“Parmi les plaignants se trouvaient les délégués d’un gros village, dont un vaste terrain avait été saisi par la lamaserie de Hong pou, pour la raison soit disant péremptoire, que ledit village avait jadis cédé aux missionnaires de Tsekou un emplacement pour fixer sur la rive gauche du Mékong l’extrémité du pont de corde par lequel on passe d’une rive à l’autre. Cette affaire nous touchait de près ; je devais m’en expliquer avec le mandarin ; il me fit les plus belles promesses, mais aujourd’hui tout est encore dans le statu quo. Il en est dee même d’un champ, acheté par les missionnaires et dont les lamas d’Atentse s’emparèrent à la faveur des troubles de 1900. Nous espérons néanmoins que le gouverneur du Yunnan finira par nous rendre justice.

J’ai pu constater au cours de mon voyage que, là oû sont les missionnaires, le peuple est dégouté des lamas, qu’il estime le prêtre catholique et lui donne facilement sa confiance. Aussi je crois très juste cette parole des missionnaires de Tsekou : « Que la Chine rende justice au peuple et à nous, dans les procès avec les lamaseries, et il se produira un grand mouvement de conversions.”          (Rapport annuel 1902 des Evêques au Supérieur de la S.M.E.P.)

dmc en la fête de Saint Etienne 2016