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LA MISSION DU THIBET SUD (Arunachal Pradesh) (1848–1854)

– L’Arunachal Pradesh est un arc de cercle montagneux de 83’743 km2 de superficie qui bouche le fond de la cuvette de l’Assam. C’est aussi le centre exact du continent asiatique, situé à égale distance de la pointe sud de l’Inde et de la côte est de la Corée, de la frontière nord de la Mongolie et de l’extrémité de la péninsule indochinoise. C’est enfin le plus récent des sept états de l’Inde du nord est (Arunachal Pradesh, l’Assam, le Manipur, le Meghalaya, le Mizoram, le Nagaland et le Tripura), le moins développé et le moins peuplé puisque, avec sa population d’un peu moins de 860’000 âmes, il ne compte que dix habitants au kilomètre carré.

– La frontière nord actuelle de cet état est située sur la ligne Mac-Mahon, établie par les Anglais en 1914, qui attribuait à l’Inde une partie du Thibet. En 1962, l’armée chinoise pénétra en Arunachal Pradesh puis se retira unilatéralement, mais continue à revendiquer la partie nord de l’Etat qui est placée sous la surveillance permanente de l’armée indienne . En 1952, l’Arunachal Pradesh fut déclaré territoire de l’union, mais il fallut attendre 1975 pour que ses habitants obtiennent le droit d’élire une assemblée législative et ce n’est qu’en 1987 qu’il accéda au statut d’état.

– Plus étonnant encore, ces nouveaux chrétiens, qui connaissent à peine l’existence de la France, demandent la canonisation, au titre de martyre de Nicolas KRICK (1819-1854) et d’Augustin BOURRY (1826-1854) que leurs ancêtres ont assassiné il y a plus de 140 ans parce qu’ils avaient eu l’audace de s’aventurer sur leur territoire.

Bref historique de cette mission

– Dès le 20 octobre 1849 (bref de Pie IX), la province de l’Assam est rattachée au vicariat apostolique de Lhassa et confiée aux Missions Etrangères de Paris.

– Leur idée première fut-elle de confier cette nouvelle entreprise à Charles RENOU ? Mais ce dernier n’était pas disposé à abandonner son projet de pénétration par la Chine, et cela, en dépit du conflit violent qui l’opposait à Mgr PEROCHEAU. Celui-ci demanda même l’exclusion de RENOU et ce dernier suggéra la partition du vicariat apostolique du Sichuan en deux, ce qui finalement advint.

– 3 missionnaires des Missions Etrangères de Paris sont envoyés dans le Thibet sud et partent de Paris en 1850, à savoir :

– Julien RABIN (Supérieur) (celui-ci “perdra la boule” et devra rentrer au pays).
– Nicolas KRICK et,
– Louis BERNARD, puis Augustin BOURRY en remplacement de Julien RABIN.

– Le voyage débute le 1er janvier 1850, passe par Marseille, Madras (26.04.1850), Calcutta (à l’Ascension), Dacca, Guwahati, puis “exploration”, par Nowgong, Saikhoa, Dibrugarh, Tchoumpoura, Dualong, Sommeu, Rima.

– Le 29 juillet 1852, les Pères Nicolas KRICK et Augustin BOURRY arrivent à Sommeu. Le premier jour de septembre, les deux furent tués par un chef mishmi, nommé Kaisha.

– Après une nouvelle tentative de Louis BERNARD chez les Abors, le missionnaire se replia en janvier 1855 vers l’ouest, puis, avec le renfort d’Auguste DESGODINS, les MEP tentèrent une percée vers Darjeeling. Puis Mgr Jacques THOMINE DESMAZURES (1er vicaire apostolique du Tibet) rassemble ses troupes du côté de la Chine.

– De l’autre côté (Thibet est), Charles RENOU, de retour dans le Yunnan, dès l’été 1852, après avoir passé une année incognito à la lamaserie de Teundjroulin auprès d’un bouddha vivant qui lui avait enseigné le thibétain. D’un autre côté, il avait reçu de Rome le titre de préfet apostolique.

– Ainsi, il y avait deux chefs, l’un pour le Thibet sud, Nicolas KRICK et l’autre pour le Thibet est, Charles RENOU.

– En 1881, après 25 ans de durs et loyaux services dans les Marches thibétaines (en particulier Yerkalo), Auguste DESGODINS fut renvoyé en Inde du nord par le nouveau vicaire apostolique du Thibet, Mgr BIET.

– Ainsi, avec, sauf erreur, Henri MUSSOT, le Père DESGODINS essaya de remonter les affluents du Brahmapoutre en amont de Saikhoia, dans la direction suivie par le Père KRICK. Il en conclut qu’il n’y avait aucun espoir nouveau et repartit dans la région de Darjeeling où il fonda la mission de Padong.

– En 1889, l’Assam fut érigé en préfecture apostolique indépendante du Tibet et confié à des Salvatoriens allemands et cela jusqu’à la première guerre mondiale. En 1921, on y a envoyé des Salésiens venus de la Péninsule indienne avec création de diocèses à Shillong, Dibrugarth, Tezpur, Guwahati, …

“L’appel de la mission, plus fort que le danger et plus fort que la mort qui les menace à chaque pas.”.

“Sauver des âmes et périr” telle pourrait être la devise de tous les missionnaires de ces temps héroïques .

“Le moustique est le seul véritable protecteur des aborigènes de l’Inde Centrale. Puisse-t-il transmettre la malaria à tous les hommes de religion et de réforme.” (Elwin VERRIER).

(Propos tirés de “Les porteurs d’espérance” – La mission du Tibet Sud – 1848-1854 – François FAUCONNET-BUZELIN – CERF 1999) 

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