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Léon Bloy, cet étrange visionnaire

Cent ans après la mort de cet étrange visionnaire, par sa parole de feu Léon Bloy peut, plus que jamais, mener à Dieu… ceux qui ne reculent pas, effrayés. Décryptage par un spécialiste.

“Au lieu d’être un sépulcre blanchi comme les pharisiens de tous les temps, c’était une cathédrale calcinée, noircie. Le blanc était au-dedans, au creux du tabernacle.” À l’occasion du centenaire de la mort de Bloy, l’hommage que lui rendit son filleul Jacques Maritain sera-t-il entendu? Cessera-t-on de passer a côté du tabernacle sans le voir?

Léon Bloy (Périgueux 1846 – Bourg-la-Reine 1917): simples données pour Le Petit Larousse, mais signes précieux à déchiffrer quand on croit, avec Bloy, que le hasard n’existe pas, qu’il n’est que «la providence des imbéciles».

1846: apparition de la Vierge de la Saiette, dont «une larme était tombée sur le coeur de Léon Bloy» dit Maritain. 1917: le seuil de l’Apocalypse que ce poète visionnaire avait pressenti, annonçant dès 1910 que l’antisémitisme de Drumont et des lecteurs de La Croix rendait un désastre inévitable.

Pour le décryptage de Périgueux, il s’est amusé à donner une piste: «Dans périgourdin, il y a gourdin.» Cela donne ses cris contre les puissants bien assis sur leurs trônes. Sa ville de naissance annonçait peut-être aussi son amour de la pauvreté: «On n’entre pas dans le Paradis demain, on y entre aujourd’hui, quand on est pauvre et crucifié.» Le bon larron périt gueux. Et Bourg-la-Reine? Voyons là un condensé de son itinéraire, le menant de la critique féroce du bourgeois (celui dont la bêtise est d’une cruauté démoniaque) à l’adoration de la reine du Ciel.

Une exégèse qui n’exclut aucun reflet brouillé de Dieu

Jeux de mots idiots que n’oserait même pas Carambar? Non, car dans tout événement de l’Histoire, toute ligne des Écritures, mais aussi toute anecdote apparemment insignifiante, ce génie à l’oeuvre variée (romans, nouvelles, pamphlets, méditations…) a cherché sans repos la «trace de Dieu dans les ténèbres», au nom d’un symbolisme universel. D’où cette affirmation qui offusquera le choeur des pleureuses de l’information en continu «Tout ce qui arrive est adorable.» Et celle-ci, guère plus compréhensible pour l’anesthésié par les «innovations»

Essais et pamphlets Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1600 p., 34 E. À Notre-Dame de Grâce