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03. Chemin à parcourir

Moïse répondit: «Nous irons avec nos enfants et nos vieillards, avec nos fils et nos filles…» (Exode 10 ,9).

Entre Putao et la frontière de l’Inde, il y a environ 70 miles d’une topographie extraordinaire. Cette région était la butte tellement redoutée des pilotes américains de la deuxième guerre mondiale: les avions ne pouvant pas monter au-dessus des sommets de 13 000 pieds, ils devaient trouver les rares passages sous 9 000 pieds.

Beaucoup s’écrasèrent dans les montagnes. Cette région est aussi une forêt vierge extrêmement dense avec énormément d’animaux. Et c’était dans cette jungle que nous planifions d’emmener nos familles.

Les origines et les quinze années à Putao

Toute l’assemblée des fils d’Israël partit par étapes du désert du Sinaï, selon ce que le Seigneur avait ordonné (Exode 17, 1).

Mes deux parents viennent de familles de missionnaires. Ils se sont rencontrés à l’université et se marièrent en 1920 aux Etats-Unis. En 1921, lorsque j’avais quatre mois, ils partirent en mission en Chine, à la frontière du Tibet, avec le Dr. Shelton, missionnaire de renom. Ce dernier fut assassiné par des bandits six semaines plus tard, laissant mes parents dans une grande tristesse et une grande solitude.

Ils étudièrent la langue pendant deux ans, puis travaillèrent dans la vallée environnante. Mon père enseignait et prêchait à tous ceux qui voulaient l’entendre. Mes parents étaient encore à leur premier poste à la frontière sino-tibétaine lorsque mon frère Robert naquit en 1923. Leur dernier enfant, LaVerne naquit en 1929 et devint professeur à l’Institut biblique de Cincinnati. Nous avons tous trois été éduqués principalement par notre mère. En 1927, la guerre civile éclata et le Consulat américain de Kumming ordonna à tous ses ressortissants de quitter le pays. Deux ans plus tard, nous pûmes retourner à notre mission. Depuis 1929, pendant la guerre sino-japonaise, nous pûmes travailler avec les tribus Lisu et Rawang des deux côtés de la frontière sino-birmane.

Durant la seconde guerre mondiale, les japonais prirent la Birmanie, excepté la pointe extrême nord où nous travaillions. En 1943, mes deux frères et moi allâmes au nord de la Birmanie pour visiter et enseigner des congrégations là-bas. Lorsque nous étions à la frontière de la Birmanie, nous reçûmes une lettre du commandant de la garnison britannique, nous enjoignant de nous rendre au quartier général. On nous y demanda de mettre au point un plan pour récupérer les aviateurs qui s’étaient écrasés dans la jungle et la montagne.

Nous leur remettions une lettre en anglais, les assurant de nos bonnes intentions, puis les aidions à regagner leur base. Par nos efforts, des dizaines d’aviateurs furent ainsi sauvés et, lorsqu’il n’y avait pas de survivant, nous pûmes identifier les corps et leur donner un enterrement chrétien.

Bien avant que la guerre ne se termine, Robert et moi avions décidé de devenir missionnaires, comme nos parents. Nous avions épousé tous les deux des femmes américaines en janvier 1949 et les avions emmenées avec nous en Chine. C’était une belle période mais cela ne dura pas.

Les batailles sanglantes entre les communistes chinois de Mao-Tsé-Tung et les forces nationalistes sous Chiang Kaishek arrivèrent dans notre région. Les actions contre les étrangers s’intensifiaient aussi. Nous savions que nous devrions bientôt fuir. Ma famille — à ce moment-là il n’y avait qu’Helen, mon fils David et moi-même — avait essayé de rejoindre sans succès la vallée de la Salouen à travers le nord de la Birmanie, mais nous dûmes retourner à Kumming forcés par les communistes. Avec Drema Esther, ma sœur tibétaine, adoptée par mes parents, nous prîmes alors une route plus détournée, de Kumming à Hong Kong, puis Rangoon, pour atteindre la vallée de Putao, dans le nord de la Birmanie. En juin 1952, après quinze mois d’emprisonnement et de torture pour mon père, il retrouva par miracle ma mère et mon frère LaVerne à Hong Kong, c’était une preuve de l’amour de Dieu pour eux. Finalement, nous nous retrouvâmes tous à Putao. Nous y eûmes quinze magnifiques années. Mais, une fois de plus, nous, la famille Morse, étions en chemin.

Le six janvier 1966, la grossesse de Drema Esther arriva à son terme. Jesse courut chercher Helen et, un quart d’heure plus tard, Helen apparut en tenant dans ses bras Michael Timothy. Ma sœur adoptive ne partageait pas seulement notre foi depuis qu’elle était petite, mais aussi cette vie incertaine qui nous donnait de solides bases pour cette foi. Le 24 janvier, nous nous dirigeâmes vers l’est, plein de confiance dans l’idée que nous arriverions en Inde avant la saison des pluies, à la fin mai.

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