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XXVI. JE SORS DE PRISON

Je suis en prison depuis huit mois, mais je n’ai encore subi ni interrogatoire officiel, ni jugement. Un jour, le chef de la prison me dit :

« Bien que tu n’aies pas commis de graves forfaits, tu es en prison depuis huit mois. Les officiers militaires n’ont fait ni une enquête, ni un interrogatoire. Ils t’ont amené et t’ont mis sous ma surveillance, mais je n’ai sur toi aucun pouvoir. Si c’était moi qui t’avais enfermé, je t’aurais relâché depuis longtemps. Ici, c’est une prison préventive. Normalement, les personnes enfermées ici doivent être jugées dans les vingt jours. Les innocents sont immédiatement relâchés. Les coupables sont envoyés dans une autre prison. Là, durant la nuit, ils sont enfermés dans la prison. Durant la journée, ils travaillent manuellement. Il y a des temps de détente. Ce n’est pas très pénible. Je vais faire un rapport à mes supérieurs et exposer clairement ta situation. »

Trois jours plus tard, on m’amène auprès des officiers militaires. Ils rédigent un interrogatoire minutieux concernant ma situation. A la fin, ils me disent : « Ton cas est en ordre. Dans cinq jours, on va te rendre la liberté. » Ensuite, j’assiste à l’interrogatoire des six Lissou. A la fin, les officiers leur disent : « Si vous avez des proches ou des amis, demandez-leur de venir se porter garants et on peut vous libérer. Allez les chercher si vous en connaissez ! »

Tout heureux, j’apporte la lettre au Père. Le Père envoie un professeur étranger et deux représentants des chrétiens afin qu’ils soient nos garants. Ainsi, avec les six Lissou, nous sortons ensemble de prison.

En nous voyant dehors, l’officier militaire dit à nos garants : « Ils sont restés trop longtemps en prison. Ils sont anémiques et faibles. Il faut qu’ils se rétablissent en vivant au camp militaire, au moins pendant un mois. Quand ils auront récupéré leur force et qu’ils seront en bonne santé, ils pourront partir avec vous. »

Nos garants demandent alors aux officiers militaires : « Allez-vous les livrer aux communistes ? » Ils répondent : « Vos soupçons sont infondés ! C’est décidé, nous ne les livrerons pas aux communistes. Lorsqu’ils seront en meilleure santé, nous avertirons le Père. A ce moment-là, vous reviendrez et vous pourrez les amener avec vous. » Après ces paroles, ils nous font monter sur leur véhicule et nous emmènent au camp militaire.