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XV. Départ pour Putao, -Kandy-

Nous habitons à Desundam, le village birman le plus proche de la frontière chinoise. A cet endroit, les troupes de frontière sont chargées aussi de représenter l’autorité civile. Cependant, comme il n’y a que des officiers subalternes, pour les questions importantes, il faut faire appel aux officiels qui résident à Putao, à une douzaine de jours de marche.

Nous habitons à Desundam depuis trente jours lorsque le chef du camp reçoit la lettre de réponse. Après l’avoir lue, il nous dit : « C’est une bonne nouvelle ! Vous pouvez vous établir en Birmanie. Vous aller recevoir des papiers d’identité semblables à ceux des gens d’ici. »

Sur ce, certains soldats nous disent : « Il n’est pas nécessaire de construire une nouvelle maison. Vous pouvez venir habiter chez nous. » Le chef de camp nous dit : « Vous n’avez pas besoin d’aller vivre ailleurs ; restez ici avec nous ! Comme vous venez de Chine, vous connaissez bien la situation et les personnes de là-bas. Votre aide nous est très précieuse. » Ces paroles nous remplissent de joie.

Dans le camp où nous vivons, tous les gradés sont chrétiens. Aussi pouvons-nous observer le jour du Seigneur et réciter les prières dominicales. Ils nous considèrent comme des frères et nous aident souvent.

Un jour arrive un policier. Il nous demande la lettre rédigée par les chefs de la révolte tibétaine du Tsarong qui demandent de l’aide au gouvernement chinois de Taiwan. Il prend la lettre et s’en va.

Quelques semaines plus tard, le chef de camp reçoit une lettre lui demandant de nous envoyer à Putao. Nous sommes très inquiets et craignons que notre situation se détériore. Le chef de camp nous dit : « Soyez sans crainte ! J’irai avec vous et je serai votre interprète. Je dirai du bien de vous à mes supérieurs et ferai en sorte que vous puissiez revenir habiter ici. »

Les jours suivants, le chef de camp accompagné d’un soldat nous emmènent à Putao. On est au septième mois lunaire et il fait très chaud. A de nombreux endroits le chemin est très difficile et j’avance avec difficultés. De plus, j’ai des douleurs rhumatismales à un pied qui enfle passablement. Je n’arrive pas à les suivre. Je traîne tout seul à l’arrière, loin après eux. Je songe à mes enfants. Je suis triste et mes larmes coulent sans cesse.