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XXV. MA DEUXIEME RENCONTRE AVEC LE PERE

On arrive au début de l’hiver et les gens commencent à porter des vêtements plus chauds. Les prisonniers venant de Chine n’ont pas d’habits d’hiver. De plus, le soir, ils n’ont rien pour mettre sous eux et rien pour se couvrir. Ils doivent dormir à même le sol bétonné et ils ont très froid.

Beaucoup tombent malades et, apparemment, n’ont plus d’autre perspective que d’attendre la mort.

Un jour, le garde me demande de sortir, car quelqu’un désire me rencontrer. Sur le champ, je me lève et me dirige vers l’extérieur. J’aperçois le chef de la prison, dans son bureau, en train de parler avec le Père. En me voyant, le Père me salue et me demande si je me porte bien. Ensuite, il me tend une photo du Père M. Tornay et me demande si je connais cet homme. Je lui réponds : « C’est la photo du Père Tornay qui évangélisait chez nous et qui a été tué. » Alors, il me remet la lettre envoyée par le Père A. Lovey. En voyant la photo du Père Tornay et la lettre écrite par le Père Lovey, je suis bouleversé. Je ne peux plus retenir mes larmes et je n’arrive même pas à remercier le Père.

Après avoir jeté un coup d’œil dans la prison, le Père me demande : « As-tu de quoi te couvrir durant la nuit ? » Je lui réponds : « Pour dormir, je m’enroule dans les quelques habits que je possède encore. » Le Père me promet de me faire parvenir ce qui m’est nécessaire, puis il s’en va.

AUTEL LATERAL EGLISE DE DIMALO

Environ deux heures plus tard, l’officier en chef arrive avec une couverture et des habits. Il me les donne en disant : « Le Père met ces vêtements à ta disposition. » Alors, fort étonnés, mes codétenus me demandent : « Cet étranger est-il ton parent ? Pourquoi t’apporte-t-il tous ces vêtements et pourquoi demande-t-il au chef de la prison de te permettre de porter des souliers ? »

Je leur explique alors : « Il n’est pas mon parent. Auparavant, je ne le connaissais pas. Maintenant, il sait que je suis catholique. Les Pères sont les papas des âmes de tous les catholiques. Ils ont beaucoup de compassion et d’amour. Partout en ce monde, ils considèrent les catholiques comme leurs enfants et leur portent secours. De plus, dans la mesure de leurs moyens, ils essayent d’aider les personnes qui sont en difficultés.

Les Lissou qui étaient enfermés avec moi me disent alors : « Nous aussi, nous croyons en Jésus, le Christ. Ici, il y a de nombreux Pasteurs étrangers. Aucun n’est venu nous rendre visite ou nous aider. Dans le passé, nous n’avons jamais entendu les mots ‘Père, catholique’. Nous habitons nous aussi dans la vallée du Salouen, à Shapa, dans le district de Fukong. A l’avenir, si c’est à nouveau possible, demande aux Pères de venir chez nous. Nous aussi, nous désirons devenir catholiques. »