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05. L’arrivée

Mais Dieu fit faire au peuple un détour par le chemin du désert, vers la mer Rouge (Exode 13, 18).

Les Lisous avaient une raison de trouver Hidden Valley de plus en plus attractive: selon une rumeur, l’approvisionnement en nourriture y était constant. C’est un peuple très enclin aux rumeurs. Dans les contrées plus civilisées de Chine et de la Birmanie, ils sont considérés comme un peuple sauvage. Leur nom, Lisou, les décrit très expressifs, énergiques et ils aiment parler. C’est probablement la raison pour laquelle les Lisous sont attirés par le christianisme. Ils aiment les grands rassemblements à Pâques et à Noël où l’on prêche et l’on chante beaucoup. La personne avec la langue la plus inventive sera la plus appréciée dans un rassemblement populaire.

En route vers la vallée cachée

Comme auparavant, nous fûmes obligés de partir par groupes à cause du chargement. Drema Esther et Jesse nous quittèrent en premier, puis mes parents, puis ma famille. Robert et sa famille restèrent encore une semaine dans l’espoir d’avoir des nouvelles positives de l’Inde. Après maintes aventures, nous nous approchions lentement de Hidden Valley, tout en prêchant, chantant des cantiques et prêchant encore.

La rumeur d’une aide venant d’Inde n’était pas encore enterrée, malgré nos efforts. Tous ces gens (nos familles et les lisus qui étaient venus avec nous) se pressaient vers Hidden Valley comme si c’était la terre promise. Mais nous, malgré nos espoirs, ne pensions pas qu’il y aurait de la nourriture et des approvisionnements. Ainsi mes sermons exhortaient à nouveau à croire en Dieu et à faire confiance en Lui seul. Cela signifiait qu’il faudrait couper des arbres, brûler la terre, planter des champs, chercher du gibier, du poisson et des plantes dans la jungle.

Dans les jours qui suivirent notre arrivée dans la clairière à côté de Binuzu, quelques familles plus en quête d’aventure avaient déjà commencé à avancer plus loin à l’ouest. Bien que le territoire fût complètement inexploré, il y avait, de l’autre côté de la frontière indienne, une communauté de Lisus qui avait prospéré au cours des années. Evidemment, les réfugiés espéraient obtenir de l’aide de leur parenté en Inde, bien que la frontière fût fermée.

La famille Yangmi était arrivée quelques jours plus tôt et cela donna lieu à de joyeuses retrouvailles. Mais je craignais de faire le rabat-joie.

− Ces personnes vont mourir de faim, dis-je, ces tout petits champs ne donneront qu’une poignée de riz en été. Ils pensent encore obtenir de l’aide de l’Inde et moi je suis sûr que cela n’arrivera pas.

− Pourquoi ne pourrait-on pas vivre juste de la jungle? demanda Robert. Je suppose que tu n’as pas eu le temps d’explorer ce pays comme nous. Il y coule le lait et le miel, comme dans la Bible. Ce vieux renard de Timotsu a remarqué que toutes les falaises environnantes étaient pleines d’abeilles et nous avons tous bu un merveilleux miel d’abeilles de falaise.

− 0K, mais nous ne pouvons pas vivre seulement de miel, où est le lait?

− Tout autour de nous, dit Robert, la jungle est très giboyeuse et cette rivière grouille de poissons. Nous décidâmes de rester un peu plus de deux semaines pour découvrir si ce pays était vraiment un bon territoire où s’installer. Environ une semaine après, rentrés d’une exploration, nous apprîmes — selon les exagérations lisous — que l’armée de Birmanie avaient lancé tout un bataillon à notre recherche.

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