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06. La vie quotidienne

Et le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon, Roi d’Egypte, et il se lança à la poursuite des enfants d’Israël (Exode 14, 8).

Pendant cette première saison à Hidden Valley, la maison de Robert est devenue un véritable zoo. Betty était une véritable herpétologue, surtout les serpents les plus mortels. À Putao, elle gardait toutes sortes de serpents dans des cages. Mais dans la jungle, elle avait trouvé d’autres animaux «domestiques» moins mortels mais plus gênants: des bébés tigres. Ils jouaient comme des chattons. Beaucoup plus gros, ils rendaient la vie presque intolérable aux habitants de la seule pièce de la maison. Mais ces bébés tigres enseignèrent aussi bien des leçons à Robert et à sa famille, comme les sons gutturaux qu’ils émettent lorsqu’ils sont fatigués de jouer. Utilisant le même son dans la jungle, on trouva une manière effective de tenir les tigres à distance.

Une bestiole littéralement détestée dans la jungle, d’autant plus qu’il n’y a pas d’arme efficace pour la combattre est la sangsue. Elle s’infiltre partout et, lorsqu’elle s’attache au corps humain, elle injecte un anticoagulant de sorte que, lorsqu’elle se détache, vous continuez à saigner jusqu’à souffrir réellement de perte de sang. Une fois, Betty s’était promenée seulement cinq minutes et Robert avait dû l’aider à retirer 102 sangsues de l’une de ses jambes. Il fallait aussi évidemment construire les maisons et les latrines les plus imperméables possible aux sangsues.

Le déroulement d’une journée

Le premier acte de routine le matin était de faire du feu, c’est-à-dire découvrir les braises, souffler sur la cendre et ajouter du bois. Ensuite, chacun prenait son tour pour la vaisselle. Après cela venait les dévotions, prières et lecture de la Bible, puis le petit déjeuner, incontournable. Celui-ci consistait en du thé et de l’atu. L’atu est une sorte de fougère qui requiert plusieurs semaines de préparation avant de pouvoir le manger. Il était préparé en pressant la substance pâteuse dans une passoire pour retirer les fibres de cellulose et écraser les vers et les insectes qui apportaient les protéines dont nous avions besoin. Nous le grillons sous forme de boulettes dans la cendre chaude. Quand il y en avait, nous utilisions aussi du sagou, fécule alimentaire extraite de la pulpe du tronc du sagoutier, préparé soit comme une sorte de pudding, sucré avec du miel, soit mélangé à un peu d’eau, sous forme de crêpes.

Malgré sa saveur peu inspirante, le petit déjeuner était copieux et nous permettait de tenir jusqu’à cinq heures de l’après-midi. Là, nous prenions notre second et dernier repas de la journée. Celui-ci consistait en de la viande, du poisson ou des œufs, selon le succès des garçons à la chasse et à la pêche. La journée, nous entretenions des outils ou des armes pour le jour suivant, écoutions les nouvelles à la radio sur notre petit poste à piles et, moins fréquemment, nous nous occupions aussi à la lecture. Il fallait aussi couper du bois pour le feu et sortir préparer de l’atu ou du sagou. Les femmes étaient aussi très occupées, même si elles avaient l’aide de filles lisus. Elles surveillaient les maigres réserves de nourriture, vérifiaient que les habits soient propres et reprisés, enseignaient à lire et à écrire aux jeunes enfants avec les quelques livres que nous avions.

Ainsi, jours après jours, mai, juin et juillet s’écoulèrent. Un petit miracle survint: la poignée de riz que nous avions plantée avait mûri. Nous grillâmes le grain sur l’épi et nous rendîmes grâce au Seigneur, car finalement la jungle a donné du fruit.  

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