07. Survivre dans la jungle
Les enfants d’Israël leur dirent: «Que ne sommes-nous morts par la main de l’Eternel dans le pays d’Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude (Exode 16, 3).
Il devenait de plus en plus clair que s’aventurer en Inde pour chercher l’aide de parents lisus était très risqué, car les sentiers établis étaient très surveillés et celui qui était pris allait en prison.
Nous avions appris à avoir constamment faim, mais après les six premiers mois, nous savions que nous pourrions survivre. Lorsque des personnes venaient demander des soins médicaux à mon père, elles amenaient souvent un petit panier d’atu, des légumes venant de la jungle ou des champignons, plus tard elles amenèrent aussi du grain, des concombres et des courges.
Dangereuse racine
Un jour, Joni revint tellement affamé d’une expédition de chasse qu’il prit sur une table, où se trouvaient différents végétaux, quelque chose qui ressemblait à une racine. Il commença à le manger cru. Une petite bouchée et il se rendit vite compte qu’il avait commis une épouvantable erreur, car il sentit dans sa gorge comme des aiguilles piquer dans toutes les directions. Il n’y avait pas d’antidote disponible et la seule chose que l’on pouvait faire était prier. Fort heureusement, il en avait avalé très peu et ne souffrit pas longtemps.
Des abeilles de plus de 2 cm
Comme nous n’avions pas de source de sucre, nous ne misions que sur le miel pour sucrer et pour obtenir rapidement de l’énergie. Les larves d’abeilles aussi constituaient un apport de vitamines au sein d’une alimentation qui manquait dangereusement de certains nutriments. Pour récolter ce miel tellement prisé, la gelée royale (considérée comme une délicatesse), la cire d’abeille pour les bougies et les larves, les chasseurs doivent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité, car ces abeilles vicieuses mesurent plus de deux centimètres et ont l’épaisseur du petit doigt.
Un tigre rôde dans la nuit
Stevie et Sammy eurent une aventure à couper le souffle avec un tigre. Les tigres ont la curiosité des chats et sont assez méchants lorsqu’ils veulent la satisfaire. Les garçons avaient chassé depuis l’aube sur un nouveau territoire et, vers la fin de l’après-midi, se trouvaient encore loin de chez eux. Ils décidèrent de camper sur place. Après un maigre souper composé de riz, de viande séchée et de thé, se mettant sous leurs couvertures, ils entendirent le bruit suspect d’une grosse branche qui craque… L’animal n’était plus qu’à 25 mètres, lorsqu’ils entendirent le son caractéristique de pattes félines, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose. La profonde appréhension des garçons les empêchaient de mettre un nom sur cette «chose». Comme tous les animaux de la jungle, les tigres ont peur du feu. En chasseurs prudents, Stevie et Sammy avaient allumé des feux en carré pour dormir au milieu. Les pas se firent entendre environ une heure encore. Le lendemain, il y avait des traces fraîches de tigre à 20 mètres du campement. Les garçons rentrèrent le plus vite possible.
Le yoddel des Lisus
La jungle étant un enchevêtrement de labyrinthes et étant très vallonnée, les Lisus communiquaient avec l’écho des collines en convertissant leur langage en une sorte de yoddel. C’est assez comique d’entendre deux femmes conversant en yoddel d’un versant à l’autre des collines.
Vers la mi-octobre 1966, David et moi fîmes une expédition de deux jours à la colonie de Chinquapin Hill pour participer à un congrès. Il y avait 150 personnes présentes pour les offices. Nous trouvâmes que la colonie faisait de grands progrès. Elle planifiait de se rassembler en un ou deux villages plutôt que d’être dispersé. Beaucoup voulaient que des missionnaires viennent vivre dans la région pour continuer à avoir des centres bibliques. Je promis d’en parler à nos familles, mais ne donnai pas de réponse. Il s’avéra que Robert devait aller prêcher pour les offices de Noël à Chinquaquin Hill. Il avait déjà beaucoup apprécié la région en octobre. A présent, voyant les nouveaux progrès, il l’appréciait encore plus. Entre-temps, il avait été décidé, qu’avec sa famille, il irait s’établir là-bas. Par contre mes parents sentaient qu’ils étaient encore utiles à Ab-deh-di, village voisin.