12. La jungle
L’Eternel dit à Moïse: «Voici je ferai pleuvoir pour vous du pain, du haut des cieux…» (Exode 16, 4).
La Birmanie est connue pour ses pierres précieuses comme le rubis, le jade et le saphir. Beaucoup en portent sous forme de bagues ou de colliers sauf lorsqu’ils nagent dans les courants des montagnes. Il est dangereux d’y nager à cause du Burin, gigantesque serpent des eaux, sorte de monstre du Loch Ness asiatique.
L’éclat des pierres précieuses attire le Burin. Mais s’il donne lieu à beaucoup de légendes, il existe et il est mortel. Il ressemble au python sauf que le mâle porte une crête. Les corps de ses victimes retrouvés bien plus tard portent la marque de nombreuses piqûres, ce qui signifie que le Burin a aussi des crochets venimeux.
Les champignons de la jungle
En général, les Lisus considèrent les champignons comme des plantes suspectes et ne les utilisent pas dans leur alimentation. Nous, par contre, lors de nos deux premières années dans la jungle où notre diète monotone se composait de sago et d’atu, nous essayâmes de varier un peu et surpassâmes nos scrupules quant aux champignons.
Le tsumu, que nous aimons beaucoup, a de nombreuses qualités qui le distinguent des autres espèces, comme son goût qui fait penser à du poulet. Le champignon que les chinois appellent Oreille de vieux monsieur a aussi une valeur commerciale. De couleur noire, il est tellement facile à identifier que même les enfants peuvent le ramasser. Du coup, bon nombre d’étudiants purent en vendre assez pour payer leur école et leurs livres pour l’année.
Le musc
Un autre produit qui a beaucoup de valeur est le musc pour son parfum. Cet ingrédient précieux se trouve sous la peau de l’abdomen du cerf porte-musc. Cet animal, chassé presque jusqu’à extinction, est très difficile à pister. Steve, le second fils de Robert, l’a appris à ses dépens lors d’une expédition de chasse. L’équipe était très chargée et la montée jusqu’à la limite des arbres éreintante. Le second jour, Steve commença à se sentir faible. Il ressentait alternativement de la fièvre et des frissons et avait la diarrhée. Il pensa que c’était la malaria et pris de la Nivaquine mais n’allait pas mieux. Plus tard, il sut que c’était la dengue hémorragique. Il crut mourir.
Pour faire ses besoins, il devait se suspendre aux racines au bord d’un précipice de 200 ou 300 pieds. Il raconte: « J’avais dit aux autres d’aller de l’avant et d’accomplir la mission. Une personne resta avec moi: Ah-Pu. Jusqu’à présent, j’avais pensé qu’il était le plus laid que je n’avais jamais rencontré. Eh bien, pendant une semaine, il cuisina (bien que je ne mangeais pas beaucoup), m’aida à me soulager même lorsque je me sentais trop faible pour me suspendre aux racines, me chanta des chansons. Une chose très intéressante arriva alors: il semblait transformé et devint l’un des plus beaux hommes que j’ai connu. Je ne savais pas que de telles expériences pouvaient arriver. »
A partir de ce moment-là, Steve commença à se sentir mieux et revint fort d’une expérience bien plus riche que du musc et des herbes.