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CHE KUANG YONG OU GUEN FOU (1925-2000)

La première réaction de nos enfants quand nous l’avons rencontré à Siao Weixi en été 1999, nous « avons rencontré HITI », et ce surnom lui est resté tout le voyage et encore maintenant !

De santé fragile comme disaient les anciens missionnaires, un séjour prolongé de vingt ans dans les camps communistes, ne l’avait pas remis en « forme olympique », mais il avait toujours un sourire qui parlait en toutes les langues !

Le « missionnaire laïc » Chappelet Robert rappellait dans un de ses écrits (GSB 1987/4) que le MEP Bonnemin Victor avait déclaré aux nouveaux missionnaires en avril 1934 lors de « l’inventaire » du poste de Siao Weixi : « Voici Guen Fou et Guen Lou, deux orphelins, apparemment sans parenté, que j’ai trouvés ici lorsque j’ai repris le poste ».

CHE KUAN YONG EN 1999

Guen Fou et Che Kuang Yong ne font qu’un et au surplus les deux frères étaient inséparables. Guen Lou vivait encore à Weixi et nous l’avons rencontré tant en 2004 qu’en 2006. Son témoignage sera présenté sur le site dès que possible.

Les deux frères ont eu une vie mouvementée et souvent douloureuse. Ils vécurent à la mission de Siao Weixi.

Comme le petit Guen Fou montrait quelques aptitudes pour les études, le Chanoine Coquoz Paul, responsable du poste, le joignit dès 1935 au premier groupe de candidats-étudiants du Probatoire commencé à Siao-Weixi et transféré ensuite à Hualopa.

Ces enfants (étudiants) étaient tous de langue thibétaine venant des missions de Yerkalo, Tsechung ou de la vallée de la Salouen (Nujiang) ; lui était le seul d’origine chinoise et « il eut certainement à souffrir de la part des « sauvageons » thibétains ou loutzes, d’autant plus qu’il était gringalet et très timide » dixit le chanoine Savioz Alphonse (GSB 2000/3).

BERNARD MARIE (ADJROU-FRèRE DE SANDJROU TèMOIN DU MEURTRE) ET SHE KUAN YONG
SHE KUAN YONG DEVANT CHAPELLE DE SIAO WEISI

Avec sa « gouaille de titi viennois venant de Saint–Maurice (Valais-Suisse)» (cf « LA CROIX TIBETAINE » du journaliste-historien Jean-Louis CONNE) Bob Chappelet raconte que « Guen Fou est maigrichon, avec le cou et la tête allongés et présente l’image de la plus profonde inquiétude dès qu’on lui adresse la parole. Il souffre d’une timidité maladive, n’étant heureux qu’en compagnie de son petit frère ou des trois chiens de la Mission qui sont ses meilleurs copains ».

Il rajoutait encore (GSB 1987/4) : « Si à l’époque, quelqu’un m’avait prédit que cet enfant deviendrait un jour un héros de la persécution communiste, qu’il ferait vingt ans de prison, je lui aurais certainement conseillé de changer de boule de cristal, l’expression « arrête les vélos » n’étant pas encore inventée ! »

Au printemps 1945, le petit séminaire de Houa-lo-pa fut fermé, le directeur de ce « juvénat » étant nommé curé de Yerkalo en remplacement du MEP Burdin Emile, mort de la fièvre typhoïde dans les bras du chanoine Lovey Angelin, qu’il avait soigné quelques jours auparavant !

Che Kuang-Yong fut alors envoyé, avec deux autres condisciples à Kunming. Il y fit sa philosophie et sa première année de théologie. Mais étant plutôt lent à assimiler ces disciplines abstraites, on lui conseilla de revenir à Weixi où le chanoine Lattion Cyrille lui donna avec beaucoup de dévouement et de patience des leçons particulières de théologie.

Il aurait dû être ordonné en 1952, mais Monseigneur Valentin, le vicaire apostolique ou évêque de la Mission, et ceux des diocèses voisins étaient en prison ou gardés à vue dans leur évêché ! Est-ce que l’histoire se répète actuellement, pas tout-à-fait mais presque !
Que Dieu Amour guide les responsables tant chinois que romains !!

Après l’expulsion des derniers missionnaires de la région, Che Kuang Yong se réfugia dans la vallée de la Salouen, puis dans son village adoptif où il fut appréhendé, passé en jugement populaire et condamné aux travaux forcés, peine qu’il subit une vingtaine d’années dans la région de Likiang.

Une fois libéré, il resta quelques temps auprès de Monseigneur Lieou, responsable de Dali, diocèse qui était desservi par les Pères de Bétharram, communauté qui avait été aussi invité à « missionner » en Chine par le premier supérieur général des MEP Jean-Baptiste Budes de Guébriant !

Désirant toujours devenir prêtre, il se rend à Kunming en 1986 pour refaire un peu de théologie, puis l’années suivante, il suit les cours au Séminaire de Cheshan à Shanghai où il est ordonné prêtre par Monseigneur Lou-Hsien le 13 juin 1987.

Dès son retour dans la « mission du Thibet », il a visité et réconforté par les sacrements toutes les chrétientés des vallées du Mékong et de la Salouen, de Weixi à Yerkalo, confirment les anciennes communautés, en créant de nouvelles, se dévouant avec une force d’âme faisant fi de sa fragile santé.

Comme disait le Chanoine Savioz Alphonse, « dans son zèle de « jeune » prêtre, il rendit visite aussi avec quelques fervents chrétiens de Yerkalo, à la partie de la mission située dans le Sichuan, soit Batang et Kangting (Tatsienlou – lieu où se trouvait l’Evêque), où il passa une vingtaine de jours pour la fête de l’Assomption 1989.

Dans le premier rapport qu’il a adressé aux missionnaires se trouvant à Taiwan, il annonçait pour la période de septembre 1987 à Pâques 1988, avoir administré 1131 baptêmes et 1680 confirmations !

Le père Che Kuang Yong aimait résider au Loutsekiang (haute vallée de la Salouen ou Nujiang) plus spécialement à Bahang, car la population mi-loutse, mi-thibétaine, était d’un tempérament plus « amène » que les Thibétains du Haut Mékong.

UN BAPTÊME

Dans une lettre qu’il adressa le 15 juin 1987 au chanoine Lattion Cyrille, il déclarait : « Comment remercier Dieu qui accorde une telle grâce au grain de poussière que je suis. Il ne me reste qu’à chanter et remercier éternellement son infinie miséricorde » (la lettre en chinois sera publiée sur le site dès que possible) !

DMC 17 juillet 2013 (fête de Saint Ambroise)

PS – Son collègue au « juvénat » de Hua-Lo-Pa Bernard Marie (Adjrou), lui que nous avons rencontré tant en 1998 qu’en 1999, nous disait dans son français approximatif qu’il avait lui aussi d’une part, passé plus de vingt ans en camp et d’autre part, ses nuits dans un « coin » pas plus grand qu’ « une niche à chien » ! Il rajoutait avec un brin de nostalgie lui qui aurait voulu aussi faire la Volonté de Son Seigneur et devenir prêtre du Très-haut, les communistes en camp m’ont forcé à me marier, chose terrible (à méditer !!) maintenant que certains prêtres n’ont qu’une « chose en tête » pouvoir se marier ou dit d’une autre manière un peu caricaturale cela nous permettrait de mieux vivre notre vœu de chasteté !