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L’embuscade

Les lamas montrent qu’ils connaissent fort bien le motif du voyage du Père Tornay; ils en craignent le succès et, pour l’empêcher, ils lancent sur ses traces Yutun et Agyié, deux de leurs fermiers, avec mandat d’informer les douaniers de Tchrayul – poste frontière sino-tibétain – qu’ils devront arrêter et faire revenir sur ses pas le Serviteur de Dieu.

– Dès l’arrivée de la caravane à Tentho, le Serviteur de Dieu est immédiatement isolé du reste du groupe; il y a risque que les lamas fassent faire demi-tour à tout le monde, mais le Père Tornay intervient et, en payant généreusement, il obtient que les lamas se bornassent de ramener au poste-fontière de Tchrayul le Serviteur de Dieu, ses deux domestiques, Doci et Jouang, ainsi que Casimir Sondjrou.

– Le dernier plan de fuite qui s’est présenté à Dialang, échoue ; il n’y en aura pas d’autres.

– Le Serviteur de Dieu continue à se dire prêt au martyre, tandis que Doci, comme c’est logique, de mourir il n’en veut rien savoir et il insiste de toutes manières pour avoir son arme efficiente ; cela provoque la colère de l’escorte.

– Sourds aux paroles du Père Tornay, les lamas tirent sur Doci, parce qu’il portait la mitraillette et qu’ils ne savaient pas qu’elle était sans sa culasse ; en outre, on savait combien il était fidèle au Serviteur de Dieu, motif pour lequel il avait déjà été menacé auparavant.

La première consiste dans le fait que, si les lamas sortis à l’improviste de leur embuscade à Tothong, avaient manqué le but de leur mission, il y en avait tout simplement sept autres, postés un peu plus loin, prêt à tuer eux le Père Tornay.

La troisième et dernière preuve, mais non par ordre d’importance, que ce furent véritablement ces lamas, c’est-à-dire ceux de la lamaserie de Karmda qui tuèrent le Serviteur de Dieu, réside dans le fait que le père de Doci déposa contre eux une plainte judiciaire ; là, ses accusations furent acceptées comme fondées et ces lamas furent condamnés. M. Robert Chappelet, 5ème témoin, affirme:

«Après l’arrivée des communistes, le père de Doci accusa les lamas comme responsables du meurtre de son fils, et la lamaserie de Karmda fut condamnée par le haut commissaire à payer une amende de mille piastres, et à livrer le révolver Mauser avec 600 cartouches».

«Après l’arrivée des communistes à Yerkalo, la lamaserie de Karmda fut condamnée par eux, à cause du meurtre du Père Tornay et de Doci, à une indemnité à verser à la famille de Doci. Cette condamnation a son importance, vu que les communistes au début de leur règne dans une région, se montrent respectueux de la justice, pour des motifs de propagande».

Réponse : Oui. C’est moi et Jouang qui avons lavé le corps du Père. Je me souviens qu’il avait reçu une balle à la tempe et une dans le bas-ventre. Je ne me souviens pas d’avoir vu d’autres blessures. Le cadavre était intact.

« Le 22 août au soir, M. Fournier m’apportait une triste et heureuse nouvelle. Une triste nouvelle : nous avions dans la Mission un confrère de moins une heureuse nouvelle notre mission comptait deux martyrs de plus. En date du 11 ou 12 août, M. Tornay avait été massacré par les lamas de Karmda.

« Je reçus, le 21 septembre 1949, de Kunming, un télégramme conçu en ces termes : ‘Tornay massacré. Lattion’. Sachant les difficultés dans lesquelles le Serviteur de Dieu se débattait, j’ai eu la certitude intérieure qu’il avait été mis à mort en haine de la foi. Et c’est pourquoi je le mentionnai dans le faire-part adressé à la parenté et publié dans les journaux.

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