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Mort en haine de la foi

Après la mort du chanoine Tornay, des discussions eurent lieu entre confrères : on admettait qu’il était mort en haine de la foi, on ne discutait que des deux points suivants :1) avait-il la permission de se rendre à Lhassa ? ; 2) Ce voyage était-il raisonnable ? (p. 88)

Je me souviens que mon opinion était la suivante :

1) Il avait la permission de se rendre à Lhassa, puisque l’Internonce le lui avait permis, que le chanoine Lattion le lui avait permis, que le Père Goré l’avait laissé libre.

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2) Ce voyage ne doit pas se juger simplement suivant la prudence humaine, mais suivant la vertu de prudence éclairée par les dons du Saint-Esprit. Il est certain que le chanoine Tornay n’était pas obligé de se rendre à Lhassa et presque tout autre, à la place, ne l’eût pas fait. L’opiniâtreté naturelle du chanoine Tornay l’a disposé à cette décision. La renommée de martyre a commencé après la mort du chanoine Tornay, et a continué jusqu’à présent ». (p. 88-89)

A moins de deux mois de la mort du Serviteur de Dieu, le 5 octobre 1945, parvint à Mgr Adam une lettre du Père Louis Pasteur, Assistant du Supérieur général des Missions Etrangères de Paris, dans laquelle on remarque comment dans cette Société, très active en Extrême-Orient, on avait la certitude que Maurice Tornay était mort en vrai martyr. Vu son importance, nous la reproduisons intégralement. Voici sa teneur :

Victime de la haine des lamas, le cher Père Tornay est le premier des vôtres qui tombe, aux frontières du Royaume de Lhassa, pour notre Religion et notre Civilisation chrétiennes. Il est ainsi aussi le digne successeur de nos nombreux confrères des Missions Etrangères de Paris qui ont été tués à Yerkalo, victimes des mêmes lamas et pour la même cause (…). (p. 89)

Nous partageons votre peine, mais nous pensons aussi que vous pouvez être justement fier de voir le Divin Maître donner la palme du martyre à un de vos Fils. (p. 89)

« La renommée du martyre s’est répandue immédiatement après la mort et a vraisemblablement continué. Le fait que le Père Tornay avait dit qu’il n’aurait pas de paix s’il ne fût retourné à Yerkalo a été la base de cette considération. Je ne connais pas d’opinion opposée à la renommée du martyre. Le fait du meurtre est évident. Il n’y a pas, parmi les chrétiens ou parmi les missionnaires d’autre opinion que celle émise plus haut. Le Père Tornay est mort pour le Christ. Je ne connais pas qui aient nié ou qui nient le martyre du Père Tornay. Le fait d’appeler quelqu’un martyr n’implique pas un jugement définitif, qui est laissé à l’Eglise ».

A la mort du Père Burdin. M. Tornay accepta cependant ce poste difficile et dangereux, parce que, m’a-t-il affirmé : ‘Le Père Goré tenait beaucoup à vous garder à Tsechung et parce que, surtout, il m’en aurait trop fait mal au cœur de vous savoir exposé à la rage de ces démons de lamas, ici haut’. J’en pleure quand j’y pense. C’est moi (Lovey) qui aurais dû être martyr à sa place : lui s’est offert pour moi de la façon la plus consciente ». (p. 91)

« Nous étions restés six mois à Hong Kong ; le visa des Indes nous avait été refusé ; nous demandâmes, sans beaucoup d’espoir, un visa pour Formose (la Suisse entretient des relations avec la Chine communiste, mais n’a pas de représentant à Formose), nous confiâmes la chose au Père Tornay, et nous reçûmes les visas le jour anniversaire de sa mort ». (p. 92)

« Il y a deux ans, j’étais (Casimir Sondjrou) gravement malade pendant un mois et j’ai cru mourir. Les vierges institutrices de Tsechung venaient me voir souvent et m’exhortaient à prier le Père Tornay et, à partir de ce moment, mon état s’améliora et, après quelques jours, j’étais sur pieds. Je suis persuadé que c’est le Père Tornay qui m’a aidé en cette circonstance. De plus, je sais qu’à Yerkalo le vieux catéchiste Loukas exhorte très souvent ses chrétiens à mettre leur confiance dans le Père Tornay et à invoquer celui qui a donné sa vie pour eux ». (p. 93)

(Cause de béatification du serviteur de Dieu Maurice Tornay 1910 – 1949 – Quelques extraits du dossier “La mesure d’aimer Dieu, c’est l’aimer sans mesure”.Prévôté du Grand-saint-Bernard – Septembre 1990).

 DMC