Quatrième témoin du procès
TESTIS IV: ROBERTUS MAURITIUS CHAPPELET
Robert Chappelet, partageait la vie des missionnaires du Grand-St-Bernard, comme «missionnaire laïque». Grâce à cette situation, il connaissait bien la vie des religieux et il pouvait découvrir avec plus de facilité les sentiments que la population et les autorités lamaïques nourrissaient à l’égard des prêtres missionnaires. Quand le P. Tornay arrive en mission, le témoin s’y trouve déjà. C’est lui qui accompagne le Serviteur de Dieu à Hanoï pour son ordination sacerdotale.
Le témoin est bien au courant de la situation de Yerkalo: il y demeure pendant plusieurs mois et il côtoie les lamas de la région. Il connaît personnellement le chef Gun-Akhio qu’il qualifie de type faux et dévergondé, le désignant comme principal instigateur de toute l’affaire à Yerkalo et comme animé de «la haine envers la foi catholique» (ad interr. 20).
Le missionnaire reproche au chef des lamas de corrompre la jeunesse
Après nous avoir décrit la vie du Serviteur de Dieu comme celle d’un missionnaire très zélé, pieux, animé d’un sens spirituel très élevé, d’une conduite vraiment vertueuse, nonobstant les défauts de caractère et l’humeur changeante, le témoin nous décrit les phases de la guerre déchaînée par les lamas contre le missionnaire de Yerkalo, guerre qui finira par le meurtre du Serviteur de Dieu.
Le motif de la haine des lamas contre le Serviteur de Dieu est éminemment religieux. Il faut chasser le missionnaire parce que son zèle, qui fait refleurir la vie chrétienne à Yerkalo, est considéré comme dangereux pour les lamas. Si Gun-Akhio est à ce point irrité contre le P. Tornay, cela n’est pas dû à une imprudence personnelle du Père, mais c’est parce que le missionnaire, faisant son devoir de pasteur, lui a reproché de corrompre la jeunesse.
Le témoin condense dans la phrase suivante son jugement sur l’ « odium fidei » des lamas, caché par eux sous différents prétextes: «Ils étaient des tyrans persécuteurs des chrétiens, ce qui va aussi avec la défense de leur hégémonie matérielle et spirituelle». Le témoin dénie, dans la persécution des lamas, tout apport déterminant d’un autre motif, soit politique, soit social, soit économique, soit national (ad in terr. 20).
Selon le témoin, le Serviteur de Dieu avait la conviction profonde que «c’était son devoir de se rendre à Lhassa», c’est-à-dire de tenter à tout prix la très légère chance que lui offrait une telle démarche. Par les lettres des chrétiens de Yerkalo, le témoin a eu connaissance des noms des meurtriers (malheureusement oubliés), et de la somme d’argent à eux promise. Le père de Doci, compagnon du Serviteur de Dieu tué avec lui, «accusa les lamas comme responsables du meurtre de son fils» auprès des autorités communistes chinoises. Pour cela, la lamaserie de Karmda fut condamnée à une amende et, chose très significative, à rendre la mitraillette Mauser que le jeune homme portait avec lui.
La renommée du martyre est née immédiatement et spontanément
Le témoin ne porte aucun jugement sur le martyre du Serviteur de Dieu, mais il nous informe que la renommée du martyre est née immédiatement et spontanément, qu’elle est demeurée constante parmi les chrétiens de la région, qui déjà parlaient communément du missionnaire tué comme d’un «saint martyr» (ad interr. 26).
Ad 2 (p. 191): Robert-Maurice Chappelet, fils de Stéphanie, né en 1908, le 22 juin, originaire de StMaurice, auxiliaire missionnaire laïc.
Ad 4 (p. 192): J’ai connu M. Tornay dès son arrivée à Weisi. J’ai souvent vécu avec lui par la suite; en particulier, je l’ai accompagné dans son voyage en Indochine pour l’ordination sacerdotale, et j’ai vécu avec lui pendant deux mois au col de Lhatsa; j’ai fait encore différents voyages avec lui dans le Mékong et la Salouen, et nous nous sommes retrouvés chaque année, dans différents postes. Ce que je dirai proviendra donc en partie de science propre. j’ai lu sa biographie, et j’ai trouvé qu’elle était très bien (Biographie par Robert Loup). (Haec adnotalio in originali, quoque invenitur).
Ad 10 (p. 193): Il a sérieusement étudié la langue, a commencé très tôt à prêcher, il s’est initié à la médecine, au dispensaire. Il a reçu les ordres majeurs en avril 1938 à Hanoï. Ce qui m’a frappé à cette occasion, c’est son recueillement. Il était très badin de nature, mais à ce moment-là, il était ému et sérieux. Il a dit sa première messe privée à la chapelle des RR. PP. Rédemptoristes à Hanoï, chez qui il avait fait sa retraite d’ordination. La première messe solennelle, il l’a dite à Siao-Weisi. Je n’ai pas pu y assister. Ses devoirs de prêtre, d’après mon jugement personnel, il les a remplis admirablement.
Ce qu’on pourrait peut-être lui reprocher, c’était d’être parfois inégal d’humeur
Ad 11 (ibid.): Après son ordination il a été nommé au probatoire, à Houa-lo-pa, et iI y est resté jusqu’au moment où il a été nommé curé de Yerkalo, je crois en 1945. Au probatoire, il s’acquittait très bien de sa tâche, surtout au point de vue éducation, et avec succès. Ce qu’on pourrait peut-être lui reprocher, c’était d’être parfois inégal d’humeur, punissant plus facilement un jour que l’autre, et d’exiger peut-être un peu trop de ses enfants. Je lui ai souvent reproché de prendre la même nourriture que les enfants, parce que je craignais que cela ne nuise à sa santé. M’occupant de la santé de l’équipe des missionnaires, j’ai souvent insisté sur ce point.
Ad 12 (p. 194): Le P. Tornay a cherché avec ardeur le salut des âmes, et il a fait plus que son devoir… Il était un bon prédicateur, original, employait les expressions du langage populaire, les indigènes l’admiraient comme prédicateur. Rien ne m’a frappé au sujet de la pureté de sa doctrine, j’ai connu plusieurs conversions obtenues surtout par les soins qu’il donnait aux malades… II a vaqué fidèlement au ministère de la confession. Ses exhortations étaient très directes et originales. Il y montrait beaucoup de zèle.
Il soignait les malades avec de l’habilité et du dévouement
Ad 13: Il projetait de fonder une léproserie. Il a rétabli la résidence d’Atuntze, qui était à peu près inhabitable. Il n’y avait eu personne depuis la persécution de 1905. Il soignait les malades avec de l’habilité et du dévouement. Il donnait aux pauvres jusqu’à ses habits. Il ne gardait rien pour lui.
Son comportement avec les indigènes était correct, bien qu’un peu sujet à des sautes d’humeur. Avec les femmes, son comportement était idéal. J’entendais ce qui se disait beaucoup mieux que les Pères. Les chanoines Tornay et Duc sont les seuls au sujet desquels je n’ai jamais entendu de racontars…
Ad 14: Pour l’office, le bréviaire, l’observation était minutieuse, Il a observé l’obéissance, mais faisait preuve d’un grand esprit d’indépendance en ce qui ne lui était pas strictement commandé. Il n’encourut pas de reproches graves de ses Supérieurs, à ce que je sache.
Il avait un sens de l’humour très développé
Il était d’un caractère un peu primesautier, avait un sens de l’humour très développé, était très énergique. Il avait un grand zèle pour le ministère, une grande élévation d’esprit. On ne restait jamais dans les banalités avec lui, au bout de quelques minutes, la conversation prenait un tour élevé. Je me souviens qu’au col de Lhatsa où nous passâmes deux mois ensemble, il lui est arrivé de me réveiller au milieu de la nuit pour faire répondre à son chapelet. Son défaut fut son manque d’égalité d’humeur.

Les Pères BURDIN et TORNAY en discussion savante
Ad 16 (p. 195): Il n’a rencontré de difficultés sérieuses que lorsqu’il fut curé de Yerkalo. Le P. Nussbaum n’avait guère rencontré de difficultés sérieuses, parce que sous son administration la mission végétait: à sa mort, il y avait treize familles non mariées à l’église, sur quarante familles de chrétiens. Sous le P. Burdin, les difficultés avaient commencé, et elles continuèrent sous le P. Tornay. A mon avis, les lamas considéraient le zèle de ces derniers comme dangereux pour les lamas. Leur influence était plus grande, parce qu’ils faisaient beaucoup de médecine et parce qu’ils mettaient de l’ordre dans la chrétienté. Je prévoyais longtemps à l’avance qu’ils seraient expulsés.
Causa scientiae: Je pouvais m’en rendre compte, puisque je suis resté trois mois à Yerkalo, à l’occasion du meurtre du P. Nussbaum. Même quand je n’étais pas à Yerkalo, j’avais des contacts fréquents avec des chrétiens et des païens de Yerkalo. Les missionnaires en parlaient souvent: c’était le poste intéressant de la mission. Je n’ai pas été témoin personnellement des relations entre le P. Tornay et les lamas à Yerkalo. Mais des témoins m’ont raconté qu’il est arrivé au P. Tornay de leur [aux lamas] dire vertement ce qu’il pensait d’eux. Le P. Tornay a aussi écrit des rapports à leur sujet, les accusant d’immoralité, de vénalité, d’hypocrisie. Ils avaient corrompu pas mal de jeunes chrétiens, et c’est cela qui fâchait le plus le P. Tornay. La manière d’agir de ces autorités envers la religion catholique, du temps de M. Tornay, a été nettement hostile; auparavant, elle avait été secrètement hostile. Il n’y a pas d’autorité civile à Yerkalo en dehors des lamas qui cumulent les deux pouvoirs. Je n’ai pas entendu dire qu’on ait porté des accusations contre le Serviteur de Dieu.
Dans une mission, on disait le Chemin de Croix tous les dimanches, on en avait fait le vœu, jusqu’à ce que le P. Tornay puisse retourner à Yerkalo
Proc. (p. 197): Le Serviteur de Dieu n’a pas quitté la mission de son propre gré, mais il a été expulsé. Il a essayé d’y retourner, mais il a été expulsé violemment une deuxième fois. Son retour a été une action exemplaire. Après son expulsion, il est resté une année à Pamé, à la frontière de sa paroisse de Yerkalo, pour rester en contact avec ses chrétiens. Ce fut une année extrêmement dure pour lui: il me l’a dit. Il a vécu dans l’appartement où on avait saisi le P. Nussbaum pour le tuer. Il n’y avait qu’une seule famille chrétienne au village, et le P. Tornay devait y rester, bien que ce fût la famille d’un ivrogne. Les Supérieurs et les Confrères étaient en admiration devant le P. Tornay. Dans une mission, on disait le Chemin de Croix tous les dimanches, on en avait fait le vœu, jusqu’à ce que le P. Tornay puisse retourner à Yerkalo. On l’a fait jusqu’au moment où les communistes occupèrent la station. Humainement, le chanoine Tornay a fait tout ce qu’il pouvait faire pour sa mission. Il avait l’approbation complète de Mgr Valentin.
Ad 17: Après Yerkalo, le P. Tornay est resté à Pamé. Il en est parti pour son voyage de Chine, et il a ensuite été nommé à Atuntze, le poste le plus proche de Yerkalo. Il a fait beaucoup de médecine à Atuntze. C’est un poste très dur, poste frontière avec garnison… (Pauca testis addit de itinere S. D. ad Nanking).

Mission catholique de Yerkalo
«N’y aurait-il qu’une chance sur dix mille, il faudrait quand même la tenter»
Ad 18, proc. (p. 198): Il avait établi le plan avant d’aller à Nanking. Ses supérieurs n’étaient pas d’accord: le P. Goré croyait qu’il n’arriverait pas à Lhassa, et que même s’il y arriverait, il ne pourrait rien obtenir (le P. Goré me l’a dit); Mgr Riberi ayant approuvé ce projet, M. Lattion ne crut pas devoir s’y opposer. J’ai rencontré Mgr Riberi à Hongkong, chez les PP. de Mariknoll, et il se demandait, après avoir lu la biographie du P. Tornay, s’il avait été sage de lui avoir donné la permission de se rendre à Lhassa. M. Tornay était convaincu que c’était son devoir de se rendre à Lhassa, et, avec son tempérament et son enthousiasme, il serait arrivé à convaincre ses supérieurs. Il m’a dit lui-même: «N’y aurait-il qu’une chance sur dix mille, il faudrait quand même la tenter». Il y avait eu un précédent pour l’encourager: lorsqu’un colonel thibétain avait voulu exproprier la mission, le gouvernement de Lhassa, une fois atteint, avait donné raison à la mission. On a essayé par diverses fois d’atteindre le gouvernement thibétain, par lettres, où par le représentant de l’Angleterre et celui de la Chine, mais jamais réponse n’était arrivée. Le P. Tornay a préparé le voyage avec beaucoup de soin, mais d’après ce que j’ai entendu dire, le secret n’aurait pas été suffisamment gardé. Il est parti d’Atuntze dans une direction opposée à celle de son voyage, mais au village même l’on savait qu’il se dirigeait sur Lhassa. La caravane avec laquelle il s’est engagé, a dû payer une amende, et son domestique a été tué.
Proc. (p. 199): J’ai appris les détails de ce voyage par les caravaniers qui accompagnaient le P. Tornay. Le P. Tornay et ses compagnons sont arrivés jusque dans les environs de Pongda. Les lamas avaient appris le départ du P. Tornay ou bien par une estafette du chef indigène d’Atuntze ou bien par un marchand de sel de Yerkalo qui aurait reconnu en route le P. Tornay. Les lamas dépêchèrent un messager qui fit arrêter le Père, qui dut rebrousser chemin avec trois compagnons. Au retour, avant le col de Choula, vers Piton, le P. Tornay et son domestique Doci auraient eu encore l’occasion de fuir. Ils auraient pu prendre une demi-journée d’avance pour mener paître les bêtes dans la montagne. Son domestique voulait récupérer le revolver Mauser que les soldats avaient confisqué.
Le groupe tomba dans une embuscade
A la descente du col de Choula, sur le versant chinois, le groupe tomba dans une embuscade. Doci fut tué le premier. Jeouang (ou Jouang) et Sandjroupt (ou Sondjrou) en s’enfuyant jetèrent un regard en arrière et eurent l’impression que le P. Tornay, debout, donnait l’absolution à Doci. C’est Sandjroupt qui me l’a raconté: nous avons voyagé ensemble lors de notre expulsion de Chine, de Tsechong à Weisi.
Au moment où la mort du P. Tornay me fut annoncée, j’étais en conférence avec un chef communiste, dans la Salouen. Quand je leur communiquai la nouvelle, le principal communiste s’écria: «C’est bien fait, c’était un sale type». Dans des lettres envoyées de Yerkalo, et par les chrétiens de Yerkalo, nous avons appris les noms des assassins, et le salaire qu’on leur avait promis. J’ai oublié les noms et la somme exacte, mais il me semble que c’était 350 piastres et le butin qui leur avait été promis. Après l’arrivée des communistes, le père de Doci accusa les lamas comme responsables du meurtre de son fils, et la lamaserie de Karmda fut condamnée par le haut commissaire politique à payer une amende de mille piastres, et à livrer le revolver Mauser avec 600 cartouches… (De statu cadaveris S. D. testis refett quae acceperat a P. Savioz, teste II Proc. Reg. Taipehen).
Ad 10, proc. (p. 200): L’opposition des lamas, à mon avis, avait pour cause la vie chrétienne que les PP. Burdin et Tornay réinfusaient à la chrétienté de Yerkalo, qui était mourante du temps du P. Nussbaurn. J’ai bien connu Gun-Akhio. C’est lui qui m’a reçu lorsque je, suis allé à la lamaserie de Sogun. C’était le type faux et dévergondé. C’est lui, entre autres, que M. Tornay accusait de corrompre les jeunes gens de Yerkalo (relations sodomitiques). Même après l’expulsion du P. Tornay, il est venu à Pamé, pour essayer de lui faire croire qu’il l’aiderait à rentrer. Lorsque le P. Tornay essaya de retourner à Yerkalo, c’est Gun-Akhio qui prit des attitudes de protecteur et qui reconduisit le P. Tornay à la frontière.
Mais c’était lui le principal instigateur de toute l’affaire à Yerkalo, et il intriguait aussi à Lhassa. Je ne saurais dire si la manière d’agir de M. Tornay a toujours été prudente. Quand on connaît son caractère, il est possible d’en clouter. Je ne crois pas qu’il ait donné des prétextes personnels à la haine. L’opposition n’était pas tant -personnelle à M. Tornay, qu’elle n’était opposition au missionnaire.
Ad 20, proc. (p. 201): L’attitude de Gun-Akhio était la haine envers la foi catholique. La conjuration ne revêtait pas un caractère politique, elle n’avait pas un caractère de libération nationale, non plus. Ce n’était pas non plus le désir des biens de la mission catholique. La mission était pauvre. La mission rapportait davantage aux lamas en contribution, amendes, cadeaux que ne leur auraient rapporté les biens, si les lamas avaient voulu les prendre. Le christianisme constitue aussi pour les lamas une menace au point de vue social. La mission de Yerkalo, si petite fut-elle, était la seule manifestation tangible de cette menace au Thibet. Les chrétiens payaient bien plus que leur tribut, et il n’y avait pas de révolte du missionnaire contre l’autorité des lamas. Les thibétains ne sont pas xénophobes dans la région de Yerkalo, Les Européens qui y voyagent y sont bien reçus. Gun-Akhio et les autres prétextaient contre le P. Tornay qu’il était Suisse, alors que les précédents étaient Français, mais ce n’était qu’un simple prétexte. Ils étaient des tyrans persécuteurs des chrétiens, ce qui va aussi avec la défense de leur hégémonie matérielle et spirituelle.
Ad 25, proc. (p. 202): Les lamas voulaient s’en débarrasser, parce que le P. Tornay était trop tenace et ne voulait pas abandonner les chrétiens. C’est l’opinion commune des chrétiens. Ils le considèrent comme martyr. Des meurtres antérieurs avaient du reste montré aux lamas qu’on pouvait tuer des Européens sans s’exposer à des représailles. Quelques-uns cependant parlaient de la question des terrains comme cause du meurtre: les indigènes bien souvent ne songent qu’aux causes matérielles. In fine depositionis testis ita corrigit suam responsionem (proc. p. 204). Les gens qui disaient que la question des terrains était la cause du meurtre, étaient plutôt des païens.
Les gens de Yerkalo que nous avons pu consulter attribuaient la mort à la haine de la religion. Je sais que les Confrères parlaient de lui comme d’un martyr, j’ignore ce qu’ils ont écrit à leurs Supérieurs. Ils ont adressé des plaintes réitérées aux autorités civiles.
Ad 20, proc. (p. 203): La renommée de martyre est venue spontanément, et elle a duré. Les chrétiens parlaient du «saint martyr». Je leur ai souvent expliqué qu’on ne peut appeler saint quelqu’un avant que l’Eglise ne se soit prononcée.
Ad 27: Quelques gens, une minorité, attribuaient toute l’affaire à des raisons matérielles. Sur le fait de sa mort, il n’y a aucun doute.
Ad 28: Je n’ai aucun miracle à signaler. Moi-même, qui ne pouvais me décider à revenir en Europe ou à rester en Extrême-Orient, je fus absolument décidé à la fin d’une neuvaine que j’avais adressé au P. Tornay.
Ad 32: Je pourrais ajouter que pour comprendre le développement historique, il faut signaler qu’en 1946 et 1947 des troupes nationales chinoises furent envoyées vers le Thibet, jusqu’à Atuntze. Les PP. Tornay et Lovey pensaient que ces troupes iraient jusqu’à Yerkalo. Les lamas prenaient déjà peur. Ils devinrent d’autant plus arrogants ensuite, lorsqu’ils virent que les troupes ne dépassaient pas Atuntze. Lorsqu’ils virent que les communistes prenaient le dessus, les lamas devinrent encore plus arrogants, parce qu’ils savaient que les communistes avaient déjà tué beaucoup de missionnaires. Les lamas l’ont dit à des gens qui me l’ont redit.
Ad 18, proc. (p. 204): Le chanoine Tornay était directeur du probatoire, mais ‘ce n’est pas lui qui était chargé de la direction des travaux,
Ad 21: On ne peut pas parler d’une organisation de la défense: un fusil de chasse, une carabine Flobert et un pistolet Mauser, ce n’était pas assez. Il prit cependant quelques précautions, pour le cas d’alerte. La population n’a pas été épouvantée.
Ad 24: Dire qu’on ait envoyé M. Tornay pour «dompter les lamas» c’est absolument exagéré. M. Tornay était le seul qui connût le thibétain, et qu’on aurait pu envoyer à Yerkalo.
Ad 27-40: Ces articles sont exacts. Je voudrais cependant ajouter que les vexations n’ont pas commencés avec M. Lovey. C’était monnaie courante depuis longtemps. Au commencement c’était surtout un moyen d’extorquer de l’argent, puis la haine contre le christianisme prenait le dessus à mesure que la mission refleurissait.
dmc