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XX. A nouveau fait prisonnier

Je passe ainsi deux mois dans la forêt. A part la nourriture qu’il m’apporte, je cuisine également des racines et des plantes sauvages. Je dors dans de petites cavernes ou sous de grands arbres, comme les animaux sauvages. Cependant, je suis heureux et en paix, car je vis en liberté et il n’y a personne pour contrôler mes faits et gestes.

Un jour, tandis que je suis en train de laver mes habits au bord d’un torrent, deux chasseurs m’aperçoivent. Aussitôt, je leur demande avec insistance de ne révéler à personne ma présence. Mais, de retour chez eux, ils en parlent en famille et, rapidement, la nouvelle se répand jusqu’aux oreilles du pasteur du village.

Le lendemain, le pasteur et quelques villageois arrivent avec de la nourriture à l’endroit où je me cache dans la forêt. Ils me demandent : « Pourquoi vis-tu ainsi tout seul, caché dans la forêt ? N’as-tu pas peur ? Dans cette forêt, il y a des panthères et de nombreux serpents venimeux. Risquer ainsi sa vie n’a aucun sens ! Viens habiter dans notre village. Tu n’auras alors plus besoin de te tracasser pour la nourriture et nous te considérerons comme un frère. Tous les habitants de ce village sont chrétiens ; c’est impossible que quelqu’un te nuise sans raison.

Je leur raconte alors ce qui m’est arrivé et les circonstances qui m’ont amené à vivre ainsi. Puis, je leur dis : « Si je vais habiter dans le village, je crains que les gens en parlent, que la nouvelle de ma présence se répande et que les gardes viennent à nouveau me faire prisonnier. » Ils me répondent alors : « Si tu ne veux pas venir loger au village, tu peux aller vivre dans l’une des cabanes situées à l’orée du village. Nous t’apporterons de la nourriture et nous ferons en sorte qu’aucun officiel ne le sache. »

Comment refuser une offre si aimable ! Ils promettent de ne rien dire à
personne. Ils m’emmènent et m’installent dans une cabane proche du village. Les jours suivants, des enfants et des jeunes gens viennent jouer là où j’habite. Ils sont heureux d’avoir l’occasion de bavarder avec moi. Mais, peu à peu, ils se racontent les uns les autres les nouvelles me concernant.

Chaque dimanche, les gens du village m’apportent de la nourriture et des condiments. Ils me témoignent beaucoup de respect et essayent souvent de me réconforter. Ainsi, après deux mois, j’ai réussi à mettre de côté environ quinze kilos de riz. J’estime que j’ai assez de provisions pour le voyage et me prépare à fuir vers l’Inde. Arrivent alors deux gardes birmans. Ils me ramènent à Putao et m’enferment dans un camp.