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XXII. JE SUIS EMPRISONNE A MYILKYINA

Je vivais dans le camp militaire de Myitkyina depuis deux mois lorsque, un jour, on m’emmène avec six Lissou jusqu’à la prison de la ville. A l’entrée de la prison, des policiers confisquent tous les objets personnels que nous avons et ils nous enferment.

Les détenus sont principalement des assassins, des voleurs et des truands. Parmi eux, il y a une bonne dizaine de condamnés à mort. Habituellement, ici, en entrant en prison on subit le rite d’initiation : le nouveau détenu est tabassé et spolié de tout son argent qui est mis en commun. Parce que je suis emprisonné en même temps que six Lissou, les détenus n’osent pas nous frapper et ils ne s’emparent pas de notre argent.

Dans cette prison, on vit, mange et dort au même endroit. A l’intérieur, il fait sombre et ça pue : on se croirait dans un lieu d’aisances. Le soir, je dors sur le béton nu, car je n’ai même pas une planche pour mettre sous moi. Comme il y a beaucoup de détenus, l’été il fait très chaud. L’hiver, par contre, on grelotte de froid. Il est difficile de se faire comprendre et de coopérer, car les prisonniers ne parlent pas la même langue. Chaque jour, il y a des bagarres. Lorsqu’il y a des blessés graves, les policiers les transfèrent à l’hôpital. Passer un mois dans cette prison, c’est aussi affligeant que de vivre une année entière dans l’adversité.