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Le conflit avec les lamas

Je sais que les lamas avaient fourni à Lhassa une fausse version de l’origine des biens de la mission et qu’ils attribuaient la propriété de ces biens, non à la mission, mais à une famille chinoise, descendante d’un ancien séminariste qu’un père avait amené comme boy, et qui s’était établi à Yerkalo. (page 51)

Maurice Tornay s’y oppose. en ce temps-là, le Père Tornay fait tout son possible pour atteindre Mgr Valentin, son évêque, qui essaye d’intervenir par le ministre de France, et par Lhassa, mais en vain”. (page 52)

Parce que l’Eglise propage une bonne doctrine et que les gens estiment cette doctrine, parce que l’Eglise fait des œuvres de charité s’attirant la bienveillance des gens. Pour toutes ces raisons, les lamas craignent de perdre leur influence et pour cela conçoivent de la jalousie envers l’Eglise”. (page 54)

Les lamas ont tous des jeunes garçons comme apprentis lamas et ont avec eux des relations immorales. (page 55)

“Mon âme à Dieu, ma carcasse aux lamas, mais partir je ne pars pas”. (page 55)

Lors de leur voyage à Batang, au mois de mai 1945, les Pères Lovey et Tornay interceptent un télégramme émanant de Gun-Akhio, chef de la lamaserie de Sogun et chef temporel de la région, avisant de Lhassa les lamas de Karmda de s’opposer à tout retour de missionnaire à Yerkalo. (page 56)

Le chanoine Tornay a quitté provisoirement Yerkalo, cédant à la force. Mgr Valentin lui avait écrit : “Vous ne céderez qu’à la force”. Il a suivi cet ordre jusqu’au bout. (page 57)

Le Père alluma sa pipe et leur dit : “Quand vous serez fatigués de tenir vos fusils, vous pouvez vous asseoir et discuter”. Et c’est ce jour-là qu’il dit encore qu’il ne partirait qu’attacher sur un mulet. “Je suis ici placé par Monseigneur de Tatsien-lou, et je ne partirai que sur son ordre. (page 57)

“Les chrétiens de Yerkalo ont pleuré à son départ, parce qu’ils se sentaient livrés sans protection aux lamas. Personnellement, je crois que rares sont les missionnaires qui auraient résisté aussi longtemps que lui à Yerkalo”. (page 58)

Gun-Akhio de la lamaserie de Sogun et titulaire du pourvoir temporel sur la région, fut celui qui nourrissait la haine la plus féroce contre Maurice Tornay, au point que s’appuyant sur son pouvoir, il en provoqua d’abord l’expulsion et ensuite l’assassinat. (page 58)

C’est lui qui m’a reçu lorsque je suis allé à la lamaserie de Sogun. C’était le type faux et dévergondé. (page 59)

Mais c’était lui le principal instigateur de toute l’affaire à Yerkalo, et il intriguait aussi à Lhassa. Je ne saurais dire si la manière d’agir de Maurice Tornay a toujours été prudente. Quand on connaît son caractère, il est possible d’en douter. Je ne crois pas qu’il ait donné des prétextes personnels à la haine”.

Nous envoyâmes un chrétien, qui rejoignit le porteur de la poste de Yerkalo en chemin et obtint le télégramme. Il émanait de Gun-akhio et disait que lui, Gun-Akhio, ferait des démarches auprès des différents gouvernements pour qu’aucun missionnaire ne soit envoyé à Yerkalo pour remplacer celui qui était mort, ou plutôt pour faire retirer le missionnaire qui s’y trouvait”. (page 60)

“Une espèce de potentat oriental, de tyran despotique et cruel, maniant mieux la “schlague” que n’importe quel agent de la Gestapo; c’est un dictateur absolu, s’il en fût, laissant loin derrière soi les Mussolini, les Hitler et les Staline. Sa volonté est la loi de l’Etat”. (page 61)

L’attitude de Gun-Akhio était la haine envers la foi catholique. La conjuration ne revêtait pas un caractère politique, elle n’avait pas un caractère de libération nationale, non plus. Ce n’était pas non plus le désir des biens de la mission catholique. La mission était pauvre. La mission rapportait davantage aux lamas en contributions, amendes, cadeaux que ne leur auraient rapporté les biens, si les lamas avaient voulu les prendre. (page 61)

Le chanoine Pierre-Marie Melly démontre aussi qu’aucun autre motif, excepté la haine contre la religion, aurait pu revêtir une telle importance pour les lamas; de fait, il a déposé ainsi en tant que 8ème témoin au Procès Ordinaires :

Le premier (motif du meurtre), le plus fondamental, mais le moins avoué, est la haine de la religion qui leur fait perdre leur influence et leur intérêt matériel. (page 62)

“Il me semble que oui et que le motif principal fut la haine du christianisme, bien qu’ils ne l’aient jamais avoué”. (page 62)

“Oui, pour supprimer la religion, il fallait d’abord supprimer le chef. Après le départ du chanoine Tornay, ils ont interdit les assemblées religieuses, puis ils ont eux-mêmes fait des cérémonies superstitieuses dans l’église”. (page 63)

Les chrétiens furent sommés de signer un papier par lequel ils s’engagent à obéir à tous les ordres que les lamas leur donneront, à ne plus entretenir de relations avec le Père exilé à Pamé. Tous ont signé, sauf le domestique du Père et le catéchiste Loukas, neveu de feu le Père Hiong. (page 64)

Loukas, cependant, suppliait qu’on le laissât partir pour l’exil, conformément au choix qu’il avait fait, ou bien qu’on lui fît la grâce de le tuer. Les lamas savent trop bien que les martyrs de 1905 ne leur ont pas porté bonheur, pour qu’ils aient envie de recommencer. Non ils veulent la mort de l’âme… (page 64)